C’est vrai que cela peut sembler un peu étrange de voir un géant du luxe français miser sur le « made in America » mais la vérité c’est que ça n’est pas complètement nouveau. Vuitton et le groupe LVMH qui contrôle le champion de la maroquinerie avaient déjà des sites de production aux Etats-Unis. Là ils en rajoutent un de plus, au Texas.
L’atelier Vuitton au Texas va employer 1.000 salariés d’ici 5 ans
Au départ le site va employer 150 personnes mais d’ici 5 ans il devrait y avoir autour de 1.000 salariés sur place. Et si LVMH a décidé d’investir dans un outil de production américain, c’est à la fois pour des raisons économiques mais aussi politiques.
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— ? Radio Classique ?️ (@radioclassique) October 18, 2019
En quoi est-ce une décision politique ?
Ce n’est pas un hasard si hier Donald Trump a fait le déplacement pour inaugurer ce site de production avec Bernard Arnault, le patron de LVMH. On ne voit pas souvent le président des Etats-Unis aux côtés d’un patron Français. Mais s’il a fait le déplacement c’est parce que la réindustrialisation des Etats-Unis est une de ses priorités. Trump s’est depuis le début positionné comme le champion du made in America et il a fait pression sur tous les industriels américains et étrangers pour qu’ils investissent aux Etats-Unis. Pour lui, à un an des présidentielles, cet investissement n’est pas énorme en termes économiques mais il est symboliquement très important.
Mais est-ce que cet investissement a aussi un sens pour Vuitton ?
Quand on parle du luxe aujourd’hui, on ne parle que des clients Chinois. C’est vrai que ce sont eux qui font progresser les ventes et que la mode est de plus en plus influencée par la demande des Millenials asiatiques. Mais il ne faut pas perdre de vue que les Etats-Unis restent le premier marché du luxe. Le numéro un mondial du luxe a donc besoin d’être fort et d’avoir une bonne image sur ce marché stratégique. L’autre réalité c’est qu’on assiste partout à un début de relocalisation industrielle ou à un mouvement d’investissement dans des usines proches de la demande finale. D’abord parce que la montée du protectionnisme partout fait peser un risque de droits de douane sur les importations. Ensuite parce que la mode est de plus en plus à la fast fashion, à des petites séries et à des personnalisations. Il faut du coup produire vite pour livrer rapidement. Et pour le luxe, le coût de main d’œuvre n’étant pas le principal coût, cela peut avoir un intérêt de fabriquer dans une multitude d’ateliers sur les principaux marchés plutôt que dans une seule grande usine en France. Aux USA, Vuitton vise d’ailleurs le 50-50. 50% de produits locaux, 50% importés de France.
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David Barroux