On avait déjà parlé il y a quelque temps du blues des producteurs de lait bio. Aujourd’hui, c’est la filière œufs bio qui est visiblement de plus en plus inquiète.
Aujourd’hui un peu plus de 20% des œufs vendus en France sont bio
Sur beaucoup de segments du marché bio, on est obligé de dresser le même constat. Depuis des années il y avait une forte hausse de la demande faisant monter la production en puissance. Aujourd’hui on est peut-être à un tournant. Il faut plusieurs années pour qu’un agriculteur bascule dans le bio. Pas mal d’éleveurs ont commencé à basculer et on est aujourd’hui dans un déséquilibre : l’offre est devenue plus importante que la demande amenant ainsi vers une crise. Les producteurs ont des coûts qui ont augmenté et ils n’arrivent plus à valoriser leur production car la demande pour des produits bio plus chers, ne suit plus.
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C’est le cas sur le marché des œufs bio. Aujourd’hui un peu plus de 20% des œufs vendus en France sont bio mais on est sans doute à une forme de plateau. L’an dernier, la production a encore bondi de 12% mais la consommation a elle, reculé de 6%. Le consommateur vote avec son porte-monnaie et entre une boîte bio à 2,30 euros ou 2,50 euros et une boîte de six œufs non bio à 1,50 euros, il hésite. Un peu comme pour le lait, on a vu se développer une offre de produits intermédiaires, ce n’est pas du bio mais c’est du local ou du « élevé en plein air ». Ce segment là que l’on pourrait qualifier de milieu de gamme capte plus d’un quart du marché.
Les coûts des oeufs bio vont encore grimper de 15 à 20%
Cette crise du bio est un peu inquiétante pour les producteurs. Car on pourrait se dire que c’est juste une crise de croissance, que la demande a peut-être été affectée par la crise sanitaire. On a passé plus de temps à la maison, on a fait plus de gâteaux et de crêpes et du coup on a peut-être fait plus attention au prix que quand on faisait juste une omelette de temps en temps. Mais le problème avec le bio dans l’agriculture, c’est qu’on ne constate pas une forme de baisse des coûts avec la hausse des volumes. Normalement quand un marché se développe, on génère des économies d’échelle. Dans le bio c’est un peu l’inverse.
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Bruxelles vient même de durcir les conditions pour que des œufs soient bio et les coûts vont encore grimper de 15 à 20%. Cela va se retrouver dans le prix de vente. Si les prix montent alors que les clients hésitent, le résultat est un peu couru d’avance. Le pire pour les producteurs c’est qu’ils sont aujourd’hui victimes de la grippe aviaire. Et comme il y a une menace sanitaire, les poules n’ont plus le droit d’être en plein air. Si les poules restent enfermées dans les poulaillers plus de 16 semaines, leurs œufs ne pourront plus être qualifiés de bio.
David Barroux