Bridgestone a annoncé la fermeture à venir de son usine de Béthune, qui emploie 863 personnes. Pourquoi cette décision ? Si vous écoutez le fabricant japonais de pneus, économiquement il n’a plus le choix : il doit fermer cette usine.
Bridgestone affirme que le site de Béthune est le moins compétitif en Europe
La concurrence, en particulier chinoise, sur le marché du pneu est de plus en plus forte et comme cette usine de Béthune est la moins compétitive de ses usines européennes, Bridgestone a été obligé de sacrifier ce site qui est structurellement déficitaire. Les pouvoirs publics régionaux et le gouvernement, tous les partis politiques crient à la trahison, Xavier Bertrand, le président de Région a parlé d’ « assassinat prémédité ».
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Ils disent que Bridgestone a bénéficié d’aides publiques et que si le site n’est pas compétitif c’est parce que le Japonais n’a pas assez investi. La vérité est quelque part entre les deux. Ce qui est vrai c’est que les constructeurs chinois low-cost montent en puissance. En vingt ans, leur part de marché en Europe a triplé et approche des 20%.
Michelin demande à l’Europe de vérifier la qualité des pneus chinois après plusieurs milliers de kilomètres
Sans mettre des barrières douanières, les Européens auraient pu défendre le made in Europe en écoutant Michelin qui demande par exemple depuis des années que l’on vérifie la qualité des pneus chinois, pas le premier jour, mais quand ils ont fait plusieurs milliers de kilomètres. On aurait pu freiner le dumping chinois qui a dopé ses capacités de production de façon absurde. On ne l’a pas fait et aujourd’hui on en paye le prix.
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Ce qui est vrai aussi c’est que Bridgestone a demandé des efforts aux salariés dans le cadre d’un accord de productivité l’an dernier et que les ouvriers ont refusé ce qu’ils qualifiaient de chantage à l’emploi. Enfin, il faut être lucide. Bridgestone n’est pas le premier à fermer une usine de pneus. Vous vous souvenez de Goodyear, Continental ou de Michelin qui ont dû eux aussi fermer des sites en France. C’est le signe qu’il y a bien un problème.
Arnaud Montebourg n’avait pas réussi à nationaliser les usines d’Arcelor Mittal
Est-ce que les politiques peuvent faire reculer Bridgestone ? On peut le regretter mais j’en doute. Quand une usine n’a plus d’intérêt pour un groupe, en général, il la ferme. Surtout si c’est un groupe étranger. Bridgestone n’a pas eu de traitement de faveur. Les aides qu’ils auraient reçues sont surtout des baisses d’impôts comme le CICE qui ont profité à tous les industriels.
Mais visiblement ça ne permet pas de résoudre l’équation économique. Le gouvernement peut rajouter des aides mais le Japonais n’aura pas envie de se retrouver piégé. Le plus probable c’est qu’ils vont essayer de négocier un plan de départs généreux. Les politiques vont essayer de gagner du temps, de leur mettre des bâtons dans les roues. Mais je ne crois pas à l’arme atomique qui serait de nationaliser cette usine. Même Montebourg quand il était ministre d’un gouvernement socialiste n’a pas réussi à nationaliser les usines d’Arcelor Mittal.
David Barroux