Cela peut paraître bizarre de vendre une belle marque comme Leerdammer. On est certes un peu loin du plateau de fromages onctueux avec des appellations régionales. Le Leerdammer est une sorte de gruyère ou de gouda hollandais, l’autre pays du fromage, qui a une particularité : c’est le champion d’Europe du fromage en tranches.
Leerdammer : le chiffre d’affaires a doublé grâce au groupe Bel
Le fromage en tranches est un marché porteur car on fait de plus en plus de sandwichs ou de burgers. C’est un fromage très marketing inventé dans les années 70, qui a été racheté il y a un peu moins de vingt ans par Bel. Ils ont réussi à en doubler le chiffre d’affaires. On peut donc se demander pourquoi ils le cèdent à leur principal concurrent Lactalis, qui est le numéro un du fromage avec des marques comme Président ou Société.
A lire aussi
Le groupe Bel, le père du Babybel, du Kiri ou de la Vache qui rit n’a pas besoin d’argent, il a même fait une très bonne année 2020. Son chiffre d’affaires a progressé et ses bénéfices ont bondi. S’il cède Leerdammer à Lactalis, c’est un peu l’épilogue d’une sorte de Dallas dans le fromage français. Il y a trente ans, les Besnier qui contrôlent Lactalis, s’étaient invités par effraction au capital de Bel en rachetant les parts détenues par une banque. La famille propriétaire de Bel l’avait vécu comme une forme d’agression.
Leerdammer ne collait pas parfaitement avec la stratégie de Bel
Lactalis n’était pas agressif mais on pouvait se dire qu’il attendait son heure et qu’avec un quart du capital il était en position pour racheter un jour Bel si les héritiers se fâchaient. Là, ils ont trouvé un accord win-win comme on dit. Je te donne Leerdammer et en échange tu me rends les parts de mon capital. On se sépare bons amis.
A lire aussi
Le groupe Bel perd une belle marque mais il reste maître chez lui. Et Leerdammer ne collait pas parfaitement avec sa stratégie. Bel veut être le roi du snacking sain. Il vend des portions de Kiri, de Vache qui rit, de Mini Babybel mais aussi les Pom’potes. Et il veut lancer des offres dans le végétal et se développer en Chine. Il lui reste plein d’opportunités à saisir.
David Barroux