Il y a une forme de paradoxe dans le monde aérien. D’un côté la crise sanitaire a conduit à la fermeture de bien des frontières avec des compagnies aériennes qui accumulent les déficits comme Air France-KLM. Le groupe vient encore d’annoncer presque 4 milliards d’euros de pertes. Et de l’autre, on a Airbus qui affiche le plus gros bénéfice de toute son histoire à plus de 4 milliards d’euros. Les pertes de 2020 sont effacées et on pourrait presque dire que la crise n’a pas existé.
Airbus est aujourd’hui le leader d’un gigantesque marché en croissance
Airbus a bien traversé la crise la plus violente de son histoire mais le constructeur aéronautique en a tiré les conséquences et s’est adapté. En taillant massivement dans ses coûts, le constructeur a fait partir, sans départs contraints, 10 000 personnes. Airbus avait arrêté un peu avant la crise un programme structurellement en perte comme l’A380 et s’est réorganisé. L’avionneur a retrouvé un poids de forme et une agilité. La bonne nouvelle c’est que le marché est reparti. Sur les longs courriers, la demande n’est pas là, mais sur les monocouloirs pour les liaisons au sein d’une région, les compagnies ont réinvesti pour avoir des avions plus modernes qui consomment et polluent moins. Et ce segment comme l’A320, est justement la grande force de l’avionneur européen qui a en plus, bénéficié des faux pas à répétition de son grand rival Boeing.
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Le ciel est dégagé pour Airbus mais il y a toujours des nuages qui pourraient se transformer en turbulences. Il faut donc être prudent. La crise Covid peut repartir. Si en plus Poutine traverse la frontière ukrainienne, on passera d’une période de tensions à une période de conflits et c’est bon pour le transport aérien. A moyen terme, le voyage d’affaires qui remplit les class business et qui est si important pour la rentabilité des compagnies ne va peut-être pas redécoller. Boeing, qui est aujourd’hui en petite forme, va sans doute finir par rebondir en innovant. Il ne faut pas sous-estimer le géant américain qui bénéficie du soutien des Etats-Unis. La bonne nouvelle c’est qu’Airbus est aujourd’hui le leader d’un gigantesque marché en croissance sur lequel il reste de sacrées barrières à l’entrée. Chaque année on dit qu’il se vend pour 100 milliards de dollars d’avions. Pour les 20 prochaines années, mon confrère Bruno Trévidic des Echos estime que l’on aura besoin de 40 appareils. La production d’Airbus a déjà été multipliée par 5 depuis 1997 mais le constructeur a encore un carnet de commandes de plus de 7 000 appareils. Airbus est donc poussé par des vents très porteurs.
David Barroux