Aigle Azur, XL Airways : pourquoi les compagnies aériennes françaises vont si mal ?

Deux compagnies aériennes françaises pourraient disparaître du paysage du transport aérien. Après Aigle Azur, XL Airways a été placé hier en redressement judiciaire.

Pourquoi les compagnies aériennes françaises vont si mal ?

Dans l’aérien, les barrières à l’entrée sont faibles. C’est relativement facile de lancer une compagnie, de trouver de l’argent et d’acheter un avion à crédit. On peut se lancer. Par contre une fois qu’on a décollé c’est difficile d’atteindre une altitude de croisière confortable. C’est un métier de coûts fixes élevés. Que l’avion soit plein ou vide, on dépense à peu près la même chose. Il faut rembourser Airbus ou Boeing, faire le plein, payer des taxes d’aéroport et des salaires… Et tout ça est finalement peu dépendant du taux de remplissage. Du coup, quand on a un avion qui vole avec trop de places vides, on perd beaucoup d’argent. Et c’est en grande partie de ça que souffrent les petites compagnies comme XL et Aigle Azur.

Mais pourquoi les compagnies françaises semblent souffrir plus que d’autres ?

Le transport aérien c’est un univers économique dans lequel la concurrence est véritablement mondiale. Vos rivaux peuvent venir de partout et les compagnies françaises sont très pénalisées par le coût de notre modèle social et par nos taxes d’aéroports. Elles volent avec beaucoup plus de charges et de taxes sous les ailes que leurs concurrents. Et sur la durée ça veut dire que pour être rentable elles doivent avoir des taux de remplissage plus élevés et être plus efficaces. Le problème c’est qu’elles sont souvent plus petites et pas forcément plus flexibles. Du coup, dès que le prix du pétrole remonte et que la conjoncture est un peu moins porteuses, elles souffrent et comme elles sont plus fragiles, elles se crashent.

Est-ce qu’il y a quand même un peu d’espoir ?

Pas tellement. Déjà parce que les compagnies françaises ne sont pas les seules à souffrir aujourd’hui. Un Norwegian qui a fait le pari du low-cost long courrier est aussi en difficulté. On parlait hier du voyagiste Thomas Cook qui vient de faire faillite et qui contrôlait quatre compagnies aériennes. Dans l’aérien, le problème c’est que quand la conjoncture se tend les compagnies les plus fragiles font faillite. Mais en général de nouvelles compagnies émergent ou les autres compagnies rajoutent des avions. C’est un métier dans lequel l’offre est régulièrement supérieure à l’offre et ça se termine souvent mal.

 

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