Le conseil d’administration de Nissan aurait pu choisir un japonais pur et dur, un cadre historique anti-Renault qui pensait que l’avenir des deux groupes passait par un divorce douloureux à court terme mais qui aurait permis à Nissan de redécoller tout seul ensuite. Le choix d’un tel homme a été repoussé. A la place, le conseil a choisi un tandem avec un patron japonais, Makoto Uchida et un numéro deux d’origine indienne.
En quoi est-ce un bon choix ?
C’est déjà un bon choix pour Nissan parce que c’est un choix consensuel et collégial. On donne le titre de président à un japonais. On confie la gestion des opérations à un étranger, un gaijin comme on dit au Japon. Le premier aura la légitimité pour dialoguer en interne. Le second sera capable d’imposer des décisions douloureuses mais nécessaires parce que Nissan va mal. En plus on en termine avec le patron tout-puissant à la Ghosn. On confie les clefs à un tandem qui va devoir faire ses preuves. Et c’est une bonne nouvelle pour Renault parce les deux connaissent le Français et savent que Nissan et son actionnaire ont intérêt à travailler ensemble. Plutôt que de continuer à se faire la guerre.
Nissan vient de se choisir un nouveau patron. Il est trop tôt pour assurer que le choix du nouveau patron sera une bonne nouvelle pour Renault qui est le premier actionnaire de Nissan. @DavidBarroux
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— ? Radio Classique ?️ (@radioclassique) October 9, 2019
Pourquoi Renault ne peut pas se passer de Nissan ?
L’industrie automobile ça a toujours été une industrie de coûts fixes. Développer une plate-forme, acheter des pièces, investir dans des nouvelles technologies, remplir des usines, c’est cher et compliqué et il vaut mieux unir ses forces pour avoir des gros volumes qui permettent de mutualiser les coûts. Renault tout seul est trop petit pour faire face à la vague d’investissements à venir. Surtout qu’aujourd’hui on est dans une période de rupture technologique. On repart presque de zéro. Il faut investir sur la voiture électrique et autonome. Nissan tout seul pourrait peut-être y arriver car ils sont deux à trois fois plus gros que Renault. Mais dans l’auto, l’union fait la force mais pour ça il faut s’entendre et partager une vision. Depuis un an, Renault et Nissan ne partageaient plus grand-chose. Il y a peut-être une chance que cela change avec la nouvelle direction de Nissan. C’est un nouveau départ.
David Barroux