Jean-Luc Godard : « Il revendiquait son côté méchant » souligne le journaliste suisse Darius Rochebin

Gaetan Bally/AP/SIPA

Le dernier grand représentant de la Nouvelle Vague, le cinéaste Jean-Luc Godard est mort hier, mardi 13 septembre, à l’âge de 91 ans. Il a eu recours au suicide assisté, autorisé en Suisse, « ce qui correspond à sa vision stoïcienne de l’existence », assure le journaliste Darius Rochebin, qui l’a interviewé pour la RTS il y a deux ans.

« Godard n’était pas un démocrate », souligne Darius Rochebin

Jean-Luc Godard, issu de la grande bourgeoisie suisse et française, a eu un parcours politique très radical, c’était un « anti-bourgeois violent, et même cultivant la violence » souligne Darius Rochebin, invité de Guillaume Durand dans la matinale de Radio Classique. Alors qu’il l’a longuement interviewé en 2020 pour la télévision suisse RTS, il retient le « grand charme » du cinéaste, malgré son côté « très dur, et même méchant. C’était assumé et revendiqué ». Le journaliste se souvient d’ « un charme fou dans la conversation et d’une culture absolument extraordinaire » du réalisateur. La radicalité politique faisait aussi partie de la personnalité de Jean-Luc Godard : « il n’était pas démocrate », rappelle Darius Rochebin. Le critique de cinéma au journal Le Monde, Samuel Blumenfeld, était également l’invité des Stars de l’info ce mercredi 14 septembre. Il rappelle qu’avec A bout de souffle, en 1960, Jean-Luc Godard sort le premier film « le plus sensationnel de l’histoire du cinéma français ».

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Avec Godard, on a découvert un visage d’acteur, celui de Jean-Paul Belmondo, jamais vu auparavant

Le scénario de ce long métrage est issu d’un petit fait divers repéré par François Truffaut, mais Godard a « cassé la plupart des codes », détaille Samuel Blumenfeld : « il y a un tournage en plein air, plus de studio grâce à des caméras légères. La caméra à la main était une chose qui ne se faisait jamais ! ». Autre apport du cinéaste franco-suisse, le fait de couper à l’intérieur des plans « ce qui donne le rythme si particulier d’A bout de souffle », souligne le critique de cinéma, ajoutant « l’élément fondamental, peut-être le plus important, c’est un visage d’acteur, celui de Jean-Paul Belmondo, qu’on n’avait jamais vu auparavant et qui ne quittera plus jamais l’écran ensuite ». A bout de souffle est son premier film, mais aussi le plus grand succès public de sa carrière. « C’est un créateur qui rencontre d’emblée le public, et qui ensuite ne le retrouvera pas », pointe Samuel Blumenfeld, expliquant même « qu’il va tout faire pour éloigner le spectateur ».

Béatrice Mouedine

 

 

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