Avec ce récital placé sous le signe de la rhapsodie, le pianiste Alexandre Kantorow signe son premier enregistrement depuis son éclatante victoire au Concours Tchaïkovsky de Moscou.
Vladimir Jankélévitch a déclaré que les rhapsodies de Brahms n’avaient de rhapsodie que le nom !
Premier pianiste français à avoir remporté la médaille d’or du prestigieux Concours international Tchaïkovsky, Alexandre Kantorow poursuit son partenariat fructueux avec le label Bis à travers ce récital Brahms–Liszt-Bartok. Le fil rouge qui relie ces trois compositeurs ? La rhapsodie, « dont le caractère improvisé et l’aspect pot-pourri semble correspondre parfaitement à l’esprit romantique soucieux de saisir le sentiment poétique plutôt que de réaliser une construction formelle stricte », précise l’auteur de la notice Jean-Pascal Vachon.
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Cela dit, la plupart des rhapsodies hongroises de Liszt se coule dans la forme bipartite du verbunkos, faisant se succéder le lassan, lent et funèbre, et la friska, rapide et débridée. La Rhapsodie op. 79 n° 1 de Brahms a peu en commun avec ces consoeurs lisztiennes, n’était l’intérêt commun de Brahms et Liszt pour la musique folklorique. Sa forme, soigneusement charpentée, fit dire non sans ironie à Vladimir Jankélévitch que les rhapsodies de Brahms n’avaient de rhapsodie que le nom…
Le jeu d’Alexandre Kantorow est secondé par une excellente prise de son
La Sonate pour piano n° 2 (en réalité complétée avant la Sonate n° 1) du même Brahms n’est pas sans évoquer Liszt par sa grande virtuosité (dès les traits d’octaves liminaires) et par la transformation thématique qui s’y fait jour d’un mouvement à l’autre. Quant à la trop méconnue Rhapsodie op. 1, elle donne à entendre un Bartok encore aux prises avec diverses influences, mais attaché à célébrer le folklore national.
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Rien de précipité dans le jeu d’Alexandre Kantorow : le jeune prodige bouscule moins ces partitions qu’il ne les porte savamment à incandescence, fort de sa technique alliant fulgurance et décontraction, et secondé par une prise de son majuscule. Les influences souvent disparates de la Rhapsodie de Bartok et de la Deuxième Sonate de Brahms – toutes deux des œuvres de jeunesse – apparaissent transcendées en une unité supérieure.
Jérémie Bigorie
Alexandre Kantorow (piano) : Johannes Brahms (Rhapsodie op.79 n°1, Sonate pour piano n° 2), Franz Liszt (Rhapsodie hongroise n° 11), Béla Bartok (Rhapsodie op. 1) – 1 CD BIS
Un CD enregistré en grande partie en septembre 2019 à la Fondation Vuitton, avant un concert capté par Radio Classique.
Décernés chaque semaine, les Trophées Radio Classique priment un nouvel album, mis à l’honneur notamment dans l’émission « Tous Classiques » de Christian Morin.
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