John Eliot Gardiner en son « jardin »

Pour les 80 ans du compositeur, Warner rassemble l’intégralité des enregistrements du chef britannique parus sous étiquette Erato. John Eliot Gardiner est considéré comme l’un des grands spécialistes du renouveau de la musique ancienne, avec une caractéristique bien personnelle, celle d’un éclectisme du répertoire.

« J’ai toujours aimé faire, et toujours fait, les musiques parallèles : ancienne, baroque, romantique, moderne, lyrique symphonique. Toutes me parlent, et je ne vois pas pourquoi j’empêcherais telle ou telle de me dire quelque chose » confie John Eliot Gardiner. Il faudra attendre un François-Xavier Roth ou un Pablo Heras-Casado pour retrouver semblable excellence dans plusieurs segments de l’histoire de la musique.

Aucun artiste vivant n’a jusqu’à présent remporté autant de Gramophone Awards que John Eliot Gardiner. A une époque où le souci de l’articulation et du coloris instrumental était l’apanage des ensembles spécialisés dans la musique baroque, Gardiner a osé aller plus loin et a étendu la pratique aux époques ultérieures. Avec un total de 64 disques, cette édition couvre une période d’environ deux décennies et dévoile plusieurs facettes du chef britannique : du répertoire de base avec Monteverdi, Jean-Sébastien Bach et d’autres compositeurs baroques jusqu’aux Français du XIXe siècle que Gardiner vénère pour leur sensualité, comme Massenet, Bizet et Ravel.

 

Avec l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique, Gardiner a pu se consacrer à la musique du XIXe siècle

Afin de rendre justice à l’univers sonore de chaque époque et en accordance avec le mouvement « baroqueux », John Eliot Gardiner s’est efforcé de créer une pâte sonore authentique. Outre des recherches sur les partitions originales, Gardiner a fondé dès 1964 – alors qu’il était encore étudiant – le Chœur Monteverdi.

Quelques années plus tard, il a ajouté au chœur, l’Orchestre Monteverdi, qu’il a rebaptisé English Baroque Soloists en 1978, lorsque l’ensemble a troqué les instruments modernes pour les instruments d’époque. Avec l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique, Gardiner a pu se consacrer à la musique du XIXe siècle : Berlioz au premier chef.

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Ce qui frappe le plus dans cette anthologie est la dimension hédoniste de son approche, le soin accordé au poli instrumental, là où la première génération des baroqueux avait souvent tendance à promouvoir la lettre au détriment de l’esprit.

Jérémie Bigorie

The Complete Recordings on Erato (Coffret 64 CD)

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