Patricia Wulf fut la seule, parmi les 9 femmes qui ont accusé l’an dernier Plácido Domingo de harcèlement sexuel, à avoir accepté, à l’époque, de témoigner à visage découvert. Après les aveux et les excuses formulés par le chanteur la semaine dernière, la mezzo-soprano américaine réagit.
Patricia Wulf psychologiquement affectée pour le reste de sa carrière
En août 2019, après qu’Associated Press a révélé que 9 femmes (8 chanteuses et une danseuse) accusaient le ténor espagnol de les avoir harcelées sexuellement et d’avoir menacé leurs carrières pour obtenir des relations sexuelles, Patricia Wulf fut la seule à témoigner publiquement. La mezzo-soprano américaine qui a chanté avec Plácido Domingo à l’Opéra de Washington (qu’il a dirigé de 1996 à 2011) racontait qu’à la fin des années 90, à chaque fois qu’elle sortait de scène, il l’attendait et venait constamment toquer à la porte de sa loge et lui tenait des propos pour le moins équivoques. Certes Patricia Wulf a reconnu qu’il ne l’a jamais touché physiquement mais que cette situation l’a psychologiquement atteinte, déclarant : « Cela a affecté ma façon d’être avec les hommes pour la suite de ma carrière à l’opéra et pour toute ma vie ». Alors que Plácido Domingo, la semaine dernière, a reconnu les faits et demandé aux victimes de lui pardonner, Patricia Wulf, contactée par l’agence espagnole Efe, a réagi à cet acte de contrition.
A lire aussi
« Plácido Domingo avait un comportement agressif avec les femmes »
Le fait que Plácido Domingo affirme, dans son communiqué, qu’il n’avait jamais « agi agressivement avec qui que ce soit » choque Patricia Wulf qui tient à préciser : « C’est un homme qui fait ça depuis des années et des années … C’est faux. C’était agressif. Il était agressif avec la soprano Angela Turner Wilson, qu’il touchait, il était agressif quand il ne la laissait pas sortir du vestiaire. Il était agressif avec moi quand il était proche de moi. J’étais choquée et en colère quand il me disait « Patricia, tu dois rentrer à la maison ce soir? », alors qu’il savait que j’étais mariée. Comme je l’ai dit, c’était agressif. Je peux confirmer que c’était agressif ».
« Des femmes n’osent pas parler pour protéger leur carrière »
Même réaction indignée aux propos de Plácido Domingo quand il déclare n’avoir « rien fait pour gêner ou nuire à la carrière de quiconque ». La chanteuse affirme : « Je ne peux pas vous dire le nombre de femmes qui m’ont appelé et m’ont raconté leurs histoires, mais elles ne sont pas encore disposées à en parler publiquement car elles sont toujours en activité. Il leur promettait des rôles mais quand elles refusaient ses avances, ils les laissaient tomber ».
A lire aussi
« L’AGMA doit rendre public son rapport »
Patricia Wulf en veut également beaucoup au syndicat des artistes musicaux américains (AGMA) pour ne pas avoir publié l’enquête qui a contraint le ténor à reconnaître les faits et dans laquelle les témoignages de 27 personnes montrent « un schéma clair d’inconduite sexuelle et d’abus de pouvoir ». Pour la chanteuse: « Le pouvoir de Plácido Domingo est et continue d’être immense (…) Et en ce moment il règne sur l’AGMA car il fait vendre les billets. Je pense qu’il est vraiment important que l’AGMA publie ce rapport complet. Je pense qu’il est extrêmement important que ce prédateur soit expulsé du syndicat. Le fait qu’il ait présenté de faibles excuses devrait-il nous faire penser qu’il ne recommencera pas ? C’est un prédateur récidiviste ».
Luz del Alba Rubio demande à Plácido Domingo de venir s’excuser « face à face »
La semaine dernière, une autre victime du ténor espagnol, la soprano Luz del Alba Rubio, s’est exprimée publiquement pour la 1ère fois. La chanteuse uruguayenne, que Plácido Domingo avait fait venir à Washington en 1999, a déclaré: «Avant, il était dans le déni. Ensuite, il s’est placé en victime. Maintenant, il cherche le rachat. C’est bien qu’il s’excuse. S’il est vraiment désolé, je lui demanderais de s’excuser face à face. Il y a des femmes qui souffrent depuis 20 ans« . Comme Patricia Wolf, Luz del Alba Rubio demande à ce que Plácido Domingo soit contraint à quitter l’AGMA.
Philippe Gault