De l’opéra au porno : Comment Adrineh Simonian, mezzo-soprano, a changé d’univers

© Facebook/Adrineh Simonian

Quitter le lyrique pour se lancer dans le cinéma pornographique. C’est le pari que tente la mezzo-soprano viennoise d’Adrineh Simonian qui a délaissé le monde feutré de l’opéra pour produire des films de sexe éthiques et féministes, et ainsi changer le regard sur cet univers.

Adrineh Simonian a régulièrement chanté sur la scène du Volksoper de Vienne

L’aventure d’Adrineh Simonian, devenue à 48 ans une figure reconnue du petit milieu du cinéma porno, intrigue les médias dans la capitale de la musique classique. Alors que cette mezzo-soprano d’origine irano-arménienne a souvent chanté Carmen de Georges Bizet au Volksoper de Vienne et fait vivre Mozart, Rossini ou Vivaldi sur les plus grandes scènes européennes, elle a soudain changé radicalement d’ orientation après 14 ans dans ce milieu très exigeant et souvent fermé.

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La volubile artiste raconte des conditions de travail dégradées, un « panier de crabes», sa frustration de ne pouvoir laisser libre cours à sa créativité. Et puis un jour, au détour d’une conversation, la simple évocation de l’univers du porno suscite des regards gênés. « Je ne comprenais pas pourquoi quelque chose d’aussi banal que le sexe était tabou et je me suis dit que je devrais m’y coller », explique-t-elle.

Adrineh Simonian : « L’Opéra parle d’amour. Tout n’y est qu’émotion et c’est la même chose dans le porno »

Depuis qu’elle a sauté le pas il y a sept ans, appuyée par son mari Wolfgang Koch, célèbre baryton-basse allemand, spécialiste de Richard Wagner, Adrineh Simonian a présenté 80 productions tournées par elle ou des producteurs associés, et accessibles depuis l’an dernier sur son site de streaming payant. Dans ses productions pas de script, les couples sont souvent authentiques, ne simulent pas et font l’amour sans instruction, suivant leurs pulsions érotiques et les vidéos présentent tous types de physiques. L’idée est d’inciter les spectateurs à « vivre leur propre sexualité », souligne la réalisatrice qui se dit soucieuse du bien-être de ses actrices et acteurs, tous novices.

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Adrineh Simonian, née dans une famille arménienne aisée et conservatrice ayant quitté l’Iran avant la Révolution islamique de 1979 pour repartir de zéro en Europe avoue n’avoir « aucun regret, bien au contraire » et explique qu’elle voit plein de passerelles entre son monde d’avant et sa vie actuelle. « L’Opéra parle d’amour: qui est jaloux, qui est trompé. Tout n’y est qu’émotion et c’est la même chose dans le porno », énonce-t-elle, même si le regard des autres a, lui, changé, d’admiratif envers l’ancienne cantatrice, à perplexe face à son nouveau métier.

Philippe Gault (avec AFP)

 

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