« On sera obligé de fermer les marchés », si les consignes sanitaires ne sont pas respectées, assure Didier Guillaume

Didier Guillaume était l’invité de la matinale de Renaud Blanc ce vendredi 20 mars. Le ministre de l’Agriculture ne prévoit pas pour le moment « d’aides financières » pour les agriculteurs, mais a appelé les Français à diversifier leurs achats alimentaires pour les soutenir. Il a indiqué que si les consignes sanitaires ne sont pas respectées sur les marchés en plein air, « on sera obligé de les fermer ».

Pas d’aides financières aux producteurs pour le moment

« Il ne faut pas acheter que des produits secs et des boites de conserves, il en va de l’avenir de notre agriculture ». Didier Guillaume a lancé ce matin au micro de Renaud Blanc un appel solennel aux Français pour qu’ils diversifient leur alimentation. « Il faut que les comportements de nos concitoyens redeviennent classiques » et qu’ils fassent « des courses toutes les 2-3 jours sans acheter 2 kilos de pâtes et 3 litres d’huile ». Ils doivent aussi mettre dans leur panier « des produits frais, des œufs, des fruits, des légumes, des yaourts… », a-t-il insisté, craignant une surproduction dans certains secteurs et des pertes financières mettant en danger les producteurs.

 

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« Nos amis maraîchers et arboriculteurs ont besoin de vendre leurs produits. La pêche est en grande difficulté. Quasiment 50% du produit de la pêche va (habituellement) dans les restaurants, qui sont fermés ». Mais le ministre a refusé d’évoquer pour le moment un soutien financier pour les producteurs touchés. « On pare au plus pressé. Les producteurs de la mer et de la terre continuent à travailler. Il leur faut des aides, mais pas financières, pour passer le cap. Avant de demander la solidarité nationale, il faut la solidarité humaine ».

 

Didier Guillaume veut relocaliser certaines productions agricoles

Des agriculteurs se plaignent en plus de ne pouvoir exporter les marchandises qu’ils stockent en surplus. En cause, la fermeture des frontières de l’espace Schengen. « On est en train de travailler pour continuer les exportations. Nos postes diplomatiques sont en éveil. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Dian, a passé des consignes très strictes », a-t-il rapporté, reconnaissant que l’on « continue a exporter » mais « dans des conditions compliquées ».

 

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S’inscrivant dans une tendance actuelle de remise en cause de la globalisation, Didier Guillaume a indiqué « réfléchir à la relocalisation demain de notre production ». « La mondialisation est une bonne chose vraisemblablement, mais il y a des produits qui doivent être fait en France ». Il a notamment évoqué le « Plan protéines végétales« , lancé avec le président de la République, et qui vise à garantir « une autonomie d’alimentation pour nos animaux et pour l’alimentation humaine ». « Cela évitera d’importer des tourteaux de soja OGM venant d’Outre-Atlantique », a-t-il observé.

 

 

Si les consignes ne sont pas respectées dans les marchés de plein air, ils fermeront

Didier Guillaume a répété qu’il n’y aura pas de rupture de la chaîne alimentaire en France, même si les gammes de produits disponibles en magasin devraient se réduire. Il s’est réjouit que « 96% des Français acceptent les mesures de restriction », se basant sur un récent sondage, et a compris la ruée dans les rayons de nombreuses personnes affolées. « Je peux comprendre les achats qu’ont fait les Français. Ils ont pris peur et assuré les choses, mais je ne crois pas que cela va continuer.« 

 

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Le ministre a assumé le maintien des marchés d’alimentation en plein air, malgré le manque de respect des consignes de distanciation constaté ces derniers jours. « J’ai fait en sorte que les marchés de plein vent restent ouverts, c’est absolument indispensable. Les personnes âgées descendent de leur appartement pour acheter comme à leur habitude ». Mais, a-t-il averti, il faudra un « respect des consignes, sinon on sera obligé de les fermer, ou d’en fermer certains. Ce serait un vrai problème économique et pour les personnes âgées ».

 

Des « kits de protection pratique » dans les supermarchés

Didier Guillaume a tenu à se montrer solidaire avec les victimes du coronavirus et aux salariés contraints de poursuivre la travail en cette période épidémique. « On sait qu’il y aura encore des Français qui décéderont ; beaucoup qui seront atteints de cette maladie. Je veux avoir une pensée pour celles et ceux qui vont travailler dans les petites entreprises et les caisses des magasins » et qui « font des métiers psychologiquement difficile avec cette peur d’avoir la maladie ».

 

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De nombreuses professions réclament notamment des masques pour se protéger. Les critiques fusent sur le manque de réserve et les critères de leur attribution par l’Etat. « La règle a été fixée, les masques vont en priorité aux professionnels de santé. Je veux saluer les responsables de supermarché. On a travaillé tout le week-end ensemble ». Le ministre a indiqué que des « kits de protection pratique » ont été mis en place pour les salariés de ces grands magasins. Ils prévoient notamment des vitres en Plexiglas au niveau des caisses, censées isoler les hôtesses des clients.

 

Nicolas Gomont

 

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