Marseille : « Les dealers font parler les armes au moindre souci, on se croirait en Colombie »

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Emmanuel Macron entame une visite de 3 jours à Marseille. Après un passage sur le Vieux Port, il rencontre le maire Benoît Payan. Le chef de l’Etat doit ensuite rencontrer la brigade des stups, dans un commissariat des Quartiers nord de Marseille.

Tous les trafics mènent à Marseille : le cannabis vient du Maroc, et transite par l’Espagne, la cocaïne arrive par le port

Cette visite dans les Quartiers nord fait écho à la vague de règlements de compte liés à la drogue qui ont endeuillé la ville tout au long de l’été. En l’espace de deux semaines, quatre jeunes dont un adolescent de 14 ans ont ainsi été exécutés. Marseille, une ville gangrénée par la violence, aux prises avec « des trafics internationaux », selon Benoît Payan, qui a demandé une aide d’urgence de l’Etat pour lutter contre le phénomène. Il faut dire que Marseille compte 100 réseaux de dealers, 3 fois plus que le nombre de bureaux de poste. Tous les trafics mènent à la cité phocéenne. Le cannabis vient du Maroc, et transite par l’Espagne, la cocaïne arrive par le port et il existe sur place de véritables PME du crime, comme l’explique Eddy, policier à la Bac Nord : « à la tête d’un réseau, il y a un gérant, avec autour de lui des vendeurs, des charbonneurs (qui revendent de la drogue au détail NDR), des guetteurs, des ravitailleurs. C’est une vraie petite société, une petite entreprise très bien organisée ».

 

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Marseille : le trafic de stupéfiant attire 1500 à 2000 mineurs

Un commerce florissant qui affiche selon le point de deal, des recettes pouvant atteindre 100 000 euros par jour. Une promesse d’argent facile qui attire 1500 à 2000 mineurs des cités de Marseille. Romain Capdepon, journaliste à la Provence et auteur du livre Les minots, une enquête à Marseille aux éditions JC Lattès, explique que lorsque ces jeunes ne sont pas motivés par l’école, « et que l’état ne leur offre rien non plus », ils se tournent vers le trafic de stupéfiants. Pourtant, ils en connaissent le prix : la prison, les règlements de compte, voire la mort. A Marseille, les différends se règlent à coups de kalachnikov, voire d’immolation par le feu. Une violence qui inquiète les policiers anti-stup comme Eddy : « ils font parler les armes quand il y a un souci. 5000 euros de dettes, ou quand un concurrent veut prendre trop d’espace, on le bute, on se croirait en Colombie ! Ça commence à faire peur ». Une loi du talion qui fait craindre de nouvelles violences, à une police qui se dit toujours combative, mais de plus en plus impuissante.

Eric Kuoch

Ecoutez le reportage d’Eric Kuoch :

 

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