En France, la presse se méfie du Spoutnik V, le vaccin russe contre le coronavirus

Vladimir Poutine, le président russe, a annoncé hier qu’un vaccin contre le coronavirus avait été mis au point dans son pays. Déclaration jugée en France « prématurée et critiquée », c’est la Une du Figaro, « Promettre un vaccin aussi vite c’est dangereux » peut-on lire dans Le Parisien-Aujourd’hui en France.

Vladimir Poutine affirme que sa fille, probablement son aînée Maria Vorontsova, s’est inoculé le vaccin

Isabelle Imbert, chercheuse au CNRS Aix-Marseille, interrogée par le Parisien estime qu’il est impossible de sortir un vaccin en huit mois : « Les équipes russes n’en sont en réalité qu’à une phase de test, comme d’autres équipes à travers le monde ». Elle souligne l’absence de publication rigoureuse pour prouver les annonces de Poutine, ce qui a poussé l’OMS a rappelé hier qu’il fallait respecter une procédure « rigoureuse ».

 

A lire aussi

 

Mais pourquoi s’embarrasser de tout ça alors que Poutine a mieux que ça : « En l’absence de toute donnée scientifique stable » écrit le Figaro, « la démonstration de Poutine se résume au fait que le produit a été inoculé à sa fille et qu’elle va bien ». Mais… Quelle fille ? se demande Libération : « Pendant longtemps, Vladimir Poutine s’est gardé de mettre ses filles en avant. Il s’agirait probablement de Maria Vorontsova, son aînée, médecin endocrinologue, impliquée personnellement dans le développement du vaccin. Le directeur de l’institut Gamaleïa de Moscou, où ce dernier a été développé, interrogé par la presse russe, affirme ne pas être au courant. »

 

Spoutnik V (comme Vaccin), fait référence à la course à l’espace entre l’Union soviétique et les Etats-Unis

On a donc affaire à de la communication, comme le souligne le Figaro : « De l’aveu des autorités sanitaires russes, Spoutnik V, le nom du vaccin, ne sera pas opérationnel pour le grand public avant janvier 2021. Ce qui ne le place pas dans la meilleure position pour cette course au remède tant attendu, car ce calendrier n’est pas différent de celui annoncé par d’autres candidats vaccins mis au point ailleurs »… » L’Opinion parle d’une tentative un peu grossière pour redorer l’image de la Russie, car l’enjeu est de taille. « Pourquoi s’embarrasser de l’avis des experts quand on peut prendre la planète entière de vitesse ? » se demande Libération.

 

A lire aussi

 

« Pour Poutine, l’essentiel est d’être le premier à planter son drapeau sur ce territoire encore vierge qu’est le vaccin anti-Covid. Le nom donné à ce vaccin, Spoutnik V (comme vaccin) n’est pas anodin : Spoutnik 1 était le satellite soviétique qui fut le premier en son temps (1957) à être lancé dans l’espace, humiliant durablement les Américains. Nous y voilà. Alors que le monde entier vit avec la frayeur d’une possible deuxième, voire troisième vague de coronavirus, le premier qui parviendra à trouver la parade aura gagné un pouvoir considérable sur la planète ».Mais attention, Le Figaro rappelle que le nom choisi est moins glorieux qu’il n’y paraît « Poutine aurait dû se souvenir que si Spoutnik avait offert à Moscou une première victoire dans la conquête de l’espace, les Soviétiques ont perdu la course et n’ont jamais réussi à mettre le pied sur la Lune ».

 

Augustin Lefebvre

Retrouvez l’actualité du Classique