Covid 19 : Didier Raoult affirme que l’épidémie « révèle l’état d’affolement de notre société »

L’infectiologue Didier Raoult, Directeur de l’IHU Méditerranée Infection était ce jeudi 22 octobre l’invité de la matinale de Guillaume Durand sur Radio Classique, pour évoquer la crise du coronavirus. Auteur du livre La science est un sport de combat, édité chez HumenSciences, il affirme que la pandémie de Covid-19 a « terrifié le monde occidental », ajoutant « quand on est terrifié, on ne fait que des bêtises ».

Didier Raoult s’agace de la « manie » des journalistes de demander aux gens leur avis « sur tout »

« Avez-vous regardé la cérémonie d’Hommage national à Samuel Paty ? » a lancé Guillaume Durand en début d’interview, tentant d’obtenir de la part de Didier Raoult une réaction à une autre actualité que celle liée à la pandémie de Covid-19. L’épidémiologiste a refusé de répondre, assurant vouloir « garder ses sentiments » pour lui, estimant qu’ils « ne valent pas plus que ceux des autres ». Il s’est agacé de « cette manie » des journalistes de demander aux gens « leur avis sur tout ». S’agissant de la pandémie de coronavirus, Didier Raoult a martelé que l’on est « depuis le début face à une situation que l’on ne connaît pas, que l’on ne peut pas prédire ». Il préconise dès lors de faire « au jour le jour, avec ses aléas et son évolution ».

 

A lire aussi

 

Le scientifique explique que depuis juin, de nouveaux clones du virus circulent, donnant lieu à des « micro-épidémies » qui s’arrêtent toutes seules. Précisant le parcours de ces clones, Didier Raoult indique que la première micro-épidémie de coronavirus semble être venue du sud de la Méditerranée par bateau, « elle s’est arrêtée toute seule, c’est celle qui nous a occupé en juillet », ajoutant que « les deux que l’on voit actuellement et qui évoluent le plus semblent être venues, l’une d’Angleterre, l’autre du nord de la Grande-Bretagne ou de Norvège ». Le scientifique estime que cette propagation est probablement due aux visites touristiques massives à Marseille depuis août.

 

Covid-19 : Didier Raoult assure avoir établi entre 3/4 et 2/3 des génomes en France

La réalité de ces multiples versions du coronavirus est « incontestable » selon Didier Raoult, assurant que « ceux qui le contestent sont ceux qui n’ont pas de données scientifiques ». Il s’est ensuite félicité d’avoir « fait une quantité de génomes considérable, les trois quarts ou les deux tiers en France. Au lieu d’avoir des opinions, on voit les choses », a-t-il résumé. Détaillant ces génomes, l’épidémiologiste explique qu’il y a eu « le génome 0, celui qui a évolué à partir du Wuhan en Chine, qui avait quelques mutations et s’est arrêté en mai ».

A lire aussi

 

Avec l’apparition de nouveaux cas depuis la mi-juin, l’équipe du Professeur Raoult a tenté de savoir s’il s’agissait un nouveau génotype, « ce qui était le cas ». « Nous avons pu tracer épidémiologiquement la source de ce génotype sur les bateaux qui relient l’Afrique du Nord et la France » a précisé Didier Raoult, ajoutant avoir « suivi très précisément ce génotype qui a disparu et qui était lié à des formes beaucoup plus bénignes ».

 

L’isolement des personnes contagieuses joue un rôle « incroyablement important » selon Didier Raoult

La situation est elle aussi grave qu’au mois de mars ? A cette interrogation de Guillaume Durand, le directeur de l’IHU Méditerranée indique que la « version 4 » de l’épidémie semble « plus sévère que celle de juillet, mais moins qu’au printemps », avec une mortalité plus élevée. Quelle stratégie faut-il alors employer pour lutter contre la diffusion de l’épidémie ? Seul élément « clair », selon Didier Raoult : l’importance de la précocité et la rapidité de la mise en place des tests. L’isolement des personnes contagieuses, explique-t-il, « joue un rôle incroyablement important ». Il pointe d’ailleurs la surmortalité en France il y a quelques mois due justement au retard de la mise en place des tests massifs.

A lire aussi

 

Didier Raoult assure que si les pays occidentaux sont les plus touchés par l’épidémie, c’est parce que « ce monde est terrifié. Cet épisode viral révèle l’état d’affolement de notre société ». Or, selon lui « quand vous êtes terrifié, vous ne faites que des bêtises ». Il estime que les gouvernements des pays occidentaux auraient dû se demander « comment faire les tests, comment hospitaliser, trouver les lits » plutôt que de « se précipiter à faire des essais thérapeutiques ». Pour Didier Raoult, « on est au bout d’un système », citant à l’inverse l’exemple des pays du sud, qui ont géré la situation « sans désespoir ».

Béatrice Mouedine

Ecoutez l’interview de Didier Raoult en intégralité en cliquant ici

Retrouvez les interviews politiques