Odile Launay, infectiologue et membre du Comité scientifique vaccin Covid-19 était l’invitée de la matinale de Renaud Blanc, ce mercredi 10 novembre. Elle plaide pour la prudence au sujet d’une possible vaccination de l’ensemble des enfants âgés de 5 à 11 ans.
3ème dose : seulement 48% des plus de 65 ans l’ont reçue
Emmanuel Macron a annoncé lors de son allocution le lancement début décembre d’une campagne pour une 3ème dose de vaccination contre le Covid-19 pour les 50-64 ans. Une initiative saluée par Odile Launay, qui rappelle qu’une baisse des anticorps a été constatée sur les patients 6 mois après la primo vaccination (les 2 premières doses). Cette troisième dose protège mieux, explique-t-elle, puisqu’elle permet d’avoir des anticorps avec des concentrations 5 à 6 fois plus élevées qu’après la 2ème dose. D’autant, souligne Odile Launay, que l’on constate une multiplication des échecs vaccinaux : « des gens atteints par le Covid plusieurs mois après les deux premières doses ».
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L’infectiologue tient toutefois à rappeler que malgré l’augmentation des cas de Covid, le nombre d’hospitalisation reste stable, « c’est très probablement lié à la couverture vaccinale extrêmement importante ». Aujourd’hui, près de 90% des personnes âgées de plus de 12 ans ont été vaccinées. Des bons chiffres qui masquent la difficulté des pouvoirs publics à convaincre les plus de 65 ans à recevoir la 3ème dose. Seulement 48% des plus de 65 ans l’ont reçue, « possiblement parce que l’explication n’a pas été suffisamment claire sur son intérêt », pointe Odile Launay. Le plus grave, selon elle, concerne les personnes âgées de plus de 80 ans, dont 15% n’ont même pas reçu une seule dose, surtout que « l’âge est le principal facteur de faire des formes graves [du Covid] ».
Vaccination des enfants : « Est-ce qu’ils vont faire des Covid long ? Est-ce qu’il y aura des complications qu’on ne connaît pas ? »
Autre source de préoccupation pour l’infectiologue : la vaccination des 5-11 ans. Malgré un manque de données scientifiques, les Américains ont lancé une campagne de vaccination des enfants. « Leur situation est très différente », explique Odile Launay, « la couverture vaccinale est plus faible chez les adultes, il y a plus de morts et plus d’hospitalisations chez les enfants, car il y a davantage d’enfants à risque ». Odile Launay s’interroge sur le bénéfice-risque pour cette population, alors que le virus se développe souvent dans des formes peu sévères chez les 5-11 ans. « Je pense qu’il faut être prudent, car on a très peu de données en termes de sécurité », explique-t-elle, pointant « un certain nombre d’inconnues ». « Est-ce qu’ils vont faire des Covid long ? Est-ce qu’il y aura des complications qu’on ne connaît pas ? » s’interroge la membre du Comité scientifique vaccin Covid-19. Si elle assure qu’il faut vacciner les enfants « à risque », elle estime qu’il y a des éléments « pour » et des éléments « contre » vacciner les 5-11 ans dans leur ensemble.
Béatrice Mouedine