Depuis une semaine, les plus de 65 ans peuvent bénéficier d’une injection de rappel, la fameuse « troisième dose ». Seule condition : avoir une couverture vaccinale qui date de plus de 6 mois.
En Afrique, seulement 2 % de la population a reçu le vaccin
L’idée est de rebooster le système immunitaire pour faire face au variant Delta, plus contagieux. Les Etats-Unis vont faire de même à partir du 20 septembre pour les personnes âgées et les soignants. Israël la propose déjà à toute sa population de plus de 12 ans, mais au même moment, d’autres pays, majoritairement en Afrique, peinent à avoir les doses nécessaires pour vacciner leur population. Alors l’OMS s’alerte sur l’urgence de cette troisième injection dans les pays occidentaux. En Afrique, seulement 2 % de la population a reçu le vaccin, car le dispositif Covax de l’OMS censé fournir des vaccins à bas prix se déploie trop lentement.
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30 millions d’injections ont été réalisées, contre 5 milliards dans le monde. Commencer une campagne de troisième dose en Europe, c’est donc creuser encore plus le fossé entre pays riches et pays pauvres, selon le professeur Gilbert Deray : « Si nous continuons comme ça, en administrant une troisième, une quatrième, une cinquième dose, jamais nous n’allons entreprendre la vaccination de pays qui n’ont aucune dose. Cela entraînera une faillite morale totale, et l’épidémie continuera à se répandre dans ces pays, et nous reviendra, sous la forme d’un variant plus dangereux qui échappe à nos vaccins ».
L’OMS demande un moratoire sur ces troisièmes injections
Hormis pour les personnes fragiles, plutôt que de faire des injections de rappel, il faudrait aller chercher une immunité à l’échelle planétaire, selon le professeur de santé public Philippe Amouyel : « certes, on pourrait faire faire des rappels de vaccination avec des vaccins qui permettrait de juguler ces nouveaux variants, en revanche, si on arrive à vacciner plus largement la planète, comme on a pu le faire pour la polio ou pour d’autres maladies, on peut espérer avec une circulation endémique et non plus pandémique ». L’OMS demande un moratoire sur ces troisièmes injections. Entre temps, la France va fournir 10 millions de doses à l’Afrique au cours des trois prochains mois. Il en faudrait 20 fois plus pour vacciner 10 % de la population africaine avant la fin de l’année.
Rémi Pfister
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