Aux Antilles, où la défiance vaccinale est élevée, l’épidémie fait toujours des ravages. Ce matin, Libération consacre sa une à la situation sanitaire en Guadeloupe, illustrée par une image blafarde d’une morgue saturée.
Guadeloupe : « Ici, c’est l’horreur puissance dix »
La vaccination progresse, mais doucement. Le variant Delta poursuit sa course folle. «D’habitude l’été on a entre 30 et 40 avis de décès à lire par jour. La semaine dernière, on était déjà monté à 50. Aujourd’hui j’en ai 79, c’est du jamais vu», explique un animateur radio. Et le pic épidémique n’est pas encore atteint.
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Louis Bernard, médecin au CHU de Tours envoyé en renfort en Guadeloupe, livre ses impressions au quotidien : « des collègues de Strasbourg qui ont connu la première vague me disent que cela n’a rien à voir. Ici, c’est l’horreur puissance dix ».
Vaccination : « La défiance quasi chronique des Antillais »
Louis Bernard raconte qu’au sein même de l’hôpital, le vaccin n’a pas la cote. La méfiance est solide, il faut dire qu’il y a eu aux Antilles, le précédent du chlordécone, rappelle Libération. Ce pesticide utilisé dans les bananeraies, qui aurait causé de nombreux cancers, et dont le danger a été minimisé par l’Etat. L’éditorialiste, s’énerve : « La Martinique et la Guadeloupe ne comptent-elles pas chacune un préfet ? N’était-ce pas leur boulot d’alerter Paris sur cette défiance quasi chronique des Antillais et sur la nécessité absolue de faire doublement œuvre de pédagogie dans ces territoires ? ». Le médecin de Tour, qui doit rentrer ce weekend en métropole, « fera le bilan dans l’avion ». En Guadeloupe, le moment n’est pas au relâchement.
Victoire Faure