« On a épuisé nos stocks, nous sommes dans une impasse »,c’est le cri d’alarme lancé par la fédération des distributeurs de matériaux de construction. Le secteur connaît depuis plusieurs mois des pénuries de matières premières : bois, plastique, ferraille, carrelages à cause de la crise du Covid-19 et de la forte demande de la Chine et des États-Unis qui raflent tous ces produits sur les marchés internationaux.
Pénuries : « un délai d’approvisionnement qui était de 3 semaines initialement, peut être désormais de 3 mois »
Les prix s’envolent, les délais s’allongent et les chantiers prennent du retard. Une mauvaise nouvelle alors que le secteur fait face à une forte demande. Selon la Fédération Française du Bâtiment, 1 chantier sur 5 risque de s’arrêter dans les prochaines semaines faute de matériaux, et déjà, cela tourne déjà au ralenti. A Rouen en Normandie, un collège est en construction. Après une semaine d’arrêt début juillet, faute de matériaux, les ouvriers sont de retour. Antoine, charpentier, travaille sur l’ossature en bois du bâtiment : « on a eu des livraisons en retard, des panneaux manquants, tout a été décalé ».
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Ce chantier avait déjà démarré avec un mois de retard à cause des pénuries de bois, se désole Maxime Chantre dirigeant Poixblanc Charpente, ravi de voir la grue à l’œuvre : « on a reçu les caissons isolés pour la toiture, ils sont enfin sur le chantier, c’était long à approvisionner ». Et ce professionnel ne pourra pas réaliser certains de ses chantiers comme prévu cet été. Ainsi, deux préaux d’école qui seront finalement construits en septembre voire octobre : « un délai d’approvisionnement qui était de 3 semaines initialement, peut être désormais de 3 mois. On n’a aucun signe d’amélioration et on se demande si on arrivera à s’approvisionner sur le dernier trimestre 2021 ».
Chantiers : le client pourrait devoir débourser entre 13 et 15% supplémentaires pour son projet à l’avenir
Maxime Chantre précise même que des fournisseurs refusent de prendre des commandes. Il s’inquiète aussi fortement de la flambée des prix du cours du bois liée à ces pénuries : « entre janvier et juillet 2021, le cours du bois a augmenté de 2 fois et demie, ce qu’on payait 100 euros, on l’achète 250 euros aujourd’hui. Comment fait-on ? Doit-on voir le client pour aborder la question de l’augmentation des prix, au risque d’avoir des chantiers annulés ? » Selon cet entrepreneur, le client devra débourser entre 13 et 15% supplémentaires pour son projet.
Emilie Valès
Ecoutez le reportage d’Emilie Valès à Rouen