Emmanuel Macron a dessiné les contours d’une réforme des retraites. Une réforme différente de celle que la pandémie a stoppée net en 2020.
S’il avait pourtant affirmé l’inverse, Emmanuel Macron souhaite dorénavant toucher aux régimes spéciaux
Le Covid-19 a donné à Emmanuel Macron le temps de réfléchir à un autre système. Le président sortant nous dit trois choses : âge, pénibilité, et simplification. « Nous tous nous devons être préparés à l’idée qu’il faut travailler plus longtemps », a déclaré Emmanuel Macron et cela signifie une mesure d’âge. Il y a deux options : allonger la durée de cotisation (aujourd’hui entre 41 ans et 43 ans selon votre année de naissance) ou bien décaler l’âge légal de départ en retraite (aujourd’hui de 62 ans et si vous n’avez pas tous vos trimestres cela peut aller jusqu’à vos 67 ans pour avoir une retraite à taux plein). Ensuite, le chef de l’Etat a pris à témoin les deux journalistes qui l’interviewait en leur disant « nous trois n’avons pas le même quotidien qu’un conducteur poids lourd, qu’une auxiliaire de vie qui fait plus de 150 km par jour, que quelqu’un qui déplace des charges ou qui travaille à la chaîne ». On peut traduire cela par un mot qu’il n’a pas prononcé : la pénibilité.
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Aujourd’hui il existe une prise en compte pour le travail de nuit, le travail en équipes successives alternantes (les trois 8), le travail avec la répétition d’un même geste à une fréquence élevée et sous cadence contrainte, il y a aussi l’exposition au bruit ou à des températures extrêmes ou encore au fait de travailler dans un milieu hyperbare, comme sous l’eau ou dans l’enceinte de confinement d’un réacteur nucléaire. On peut donc imaginer qu’Emmanuel Macron veuille revoir ces critères. Le troisième point est la simplification. Et là on a eu une surprise, on pensait que le président candidat avait renoncé à toucher aux régimes spéciaux, il dit tout l’inverse : « je crois que là il faut qu’on aille tous vers une sortie de ce qu’on appelle les régimes spéciaux ». Pour rappel, ces 42 régimes spéciaux, ce sont les clercs de notaires, les marins, les employés d’EDF, ceux de la Banque de France, ou encore l’Opéra de Paris. Emmanuel Macron le dit : il veut aller vers « un système simplifié pour la fonction publique, pour les salariés et puis pour les indépendants, on a grosso modo trois grands régimes ».
Emmanuel Macron prend à nouveau des risques en complexifiant à nouveau cette réforme
C’est donc ce que dit le président sur cette possible réforme, mais il y a également des choses qu’il ne dit pas. Est-ce qu’il abandonne le système à points pour simplement une mesure d’âge ? Cela semble assez évident. Le côté « anxiogène » pointé par Emmanuel Macron à propos de la réforme abandonnée, n’était pas uniquement la suppression des 42 régimes, c’était aussi la mise en place d’un système à points qui était tout sauf simple à comprendre. En plus le président de la République a suscité des angoisses sur le thème : la valeur du point va évoluer, à la hausse comme à la baisse et donc le montant des pensions de retraites pourrait baisser. Est-ce que le chef de l’Etat abandonne l’idée de l’âge pivot ? L’idée est de dire par exemple : vous partez à la retraite à 64 ans, mais si vous partez plus tard, vous aurez plus d’argent. Vous pouvez aussi partir plus tôt, mais vous en aurez moins. La CFDT, favorable à la réforme, était farouchement contre l’âge pivot.
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Est-ce qu’Emmanuel Macron touche au montant des cotisations ? Tous les actifs, comme les employeurs, sont curieux de la réponse. Est-ce qu’il touche au montant des pensions ? On se souvient du début du quinquennat, la hausse de la CSG a été très mal vécue par les retraités. Le dernier point est que le président prend à nouveau des risques en re complexifiant peut-être cette réforme qu’il voulait simplifier. Il semble y intégrer l’insertion des jeunes, l’emploi des seniors et l’autonomie des personnes âgées. Et là rien que ce dernier point c’est un chantier titanesque et au coût vertigineux.
François Geffrier