Ségolène Royal était l’invitée de la matinale de Guillaume Durand ce mercredi 4 mars pour la sortie de son livre Résilience française (Ed. de l’Observatoire). L’ex-ministre de l’Environnement a « condamné le recours au 49.3 » par le gouvernement et critiqué l’irruption « des forces de l’argent » au sein de l’appareil d’Etat. Elle a aussi parié que « Marine Le Pen sera élue » en 2022 si elle affrontait Emmanuel Macron.
L’obstruction parlementaire, « seule façon de s’opposer à une réforme scandaleuse »
« Il a eu tort jusqu’à la fin ». Bien que l’examen du texte sur le nouveau régime universel des retraites ne soit pas encore arrivé à son terme, Ségolène Royal a largement incriminé Emmanuel Macron pour son rôle dans le déroulé de la réforme. « Plus de 70% des Français ont condamné le recours au 49.3 », a-t-elle affirmé, condamnant une « réforme incompréhensible » qui s’attaquerait au « patrimoine des Français ». Pour l’ancienne ambassadrice des pôles, si le Premier ministre a eu recours à l’article 49.3 de la Constitution, ce serait pour masquer son improvisation. « Le financement n’est pas sur la table, les femmes vont être grandement défavorisées… Si le gouvernement met fin au débat alors qu’il a une majorité de 300 députés, c’est parce qu’il est incapable de répondre aux questions des parlementaires ».
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Elle reconnaît tout de même le ralentissement entraîné par l’obstruction revendiquée par les députés de La France Insoumise notamment. « Les parlementaires n’ont pas fait d’obstruction. Ils ont saisi les outils de l’Assemblée nationale. C’est la seule façon de s’opposer à une réforme scandaleuse », a-t-elle indiqué, avant d’arguer que le gouvernement aurait pu « choisir la procédure du temps limité » pour éviter de trop allonger la durée d’examen du texte.
Ségolène Royal serait impliquée dans les seules « réussites du quinquennat » de François Hollande
Dans son dernier livre, Résilience française, elle« fait l’inventaire de cette brutalité ». Elle a listé cinq « chocs » que la société française subirait, dont « le choc du dénigrement, de l’abandon, de l’arbitraire ». On vit « à la fois une crise climatique, une crise sanitaire, une crise migratoire et en plus, on nous impose une crise sociale », a fustigé Ségolène Royal. Il y a un déficit de respect et d’écoute ». L’ancienne ministre a fait partie d’un gouvernement qui, à plusieurs reprises, a eu recours au 49.3. Une critique qu’elle bat d’un revers de main.
49-3 : @RoyalSegolene pointe "l'incompétence gouvernementale (…) Le gouvernement aurait pu choisir la procédure du temps limité"
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— Radio Classique (@radioclassique) March 4, 2020
« J’ai condamné l’usage par François Hollande et Manuel Valls du 49.3 » lors du passage de la loi El Khomri. « Je l’ai dit à ce moment là. Cette loi n’était pas nécessaire. Tous les employeurs ont dit qu’elle ne servait à rien ». Seules « réussites » du quinquennat de François Hollande, qui sera l’invité de Radio Classique demain à 8h15, « l’Accord de Paris et les mesures environnementales » ; dispositions prises alors qu’elle était ministre de l’Environnement.
Election présidentielle de 2022 : Ségolène Royal se tient « prête »
Ségolène Royal a aussi rejeté toute parenté politique avec « l’idéologie libérale » d’Emmanuel Macron, ministre de l’Economie dans le même gouvernement qu’elle entre 2014 et 2016. « ‘Il y a quand même eu un sacré dérapage [depuis]. Il n’aura plus aucune des voix de gauche qui se sont portées sur lui« , a-t-elle prédit. Interrogée sur une possible candidature à la prochaine élection présidentielle, elle a répété qu’elle serait « prête », comme elle l’avait déclaré sur Radio Classique le 23 janvier 2020. « Heureusement qu’il y a encore des gens engagés en politique », s’est-elle réjouie.
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« La mode c’est d’aller dans le privé et de revenir quand il y a des opportunités« , a-t-elle fustigé avant de paraphraser Stéphane Hessel : « Si cela va si mal, c’est parce que les forces de l’argent ont infiltré l’appareil de l’Etat. Cela n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui ». Mais elle a assuré qu’elle se désisterait si elle n’était pas la meilleure candidate pour faire barrage au possible duel Marine Le Pen – Emmanuel Macron. « J’ai appris de mes échecs. Je pense que le moment des femmes et de l’écologie est venu. Je ne veux pas de la confrontation entre l’extrême-droite et Emmanuel Macron ; dans ce choix c’est Marine Le Pen qui sera élue ».
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Nicolas Gomont