Présidentielle 2022 : Edouard Philippe soutiendra Emmanuel Macron, soulagement chez LREM

Jacques Paquier/Wikimedia commons

Edouard Philippe a annoncé dimanche qu’il souhaitait une nouvelle candidature d’Emmanuel Macron en 2022 et qu’il le soutiendrait. Ce n’est aucunement une surprise, c’est même plutôt une évidence. Mais ce qui est intéressant justement, c’est que cette évidence ait été perçue par les macronistes comme un fait politique, et qu’ils l’aient accueilli avec soulagement, comment s’ils avaient eu un doute.

Edouard Philippe, maire du Havre, serait bien resté à Matignon, mais Emmanuel Macron l’a remplacé par Jean Castex

Regardons la situation : Edouard Philippe, premier ministre d’Emmanuel Macron pendant trois ans, avait-il l’envie et la possibilité de se présenter contre le chef de l’Etat ? Évidemment non. Vous connaissez l’adage de Jean-Pierre Raffarin : « il n’y a pas de place dans le camp du président contre le président ». Aurait-il pu soutenir un autre candidat que lui ? Compte tenu de ses relations et de son jugement sur la droite, évidemment non plus. Edouard Philippe peut avoir des espoirs pour 2027, mais pour 2022, il n’a pas de place ailleurs que dans l’équipe macroniste.

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C’est finalement ce qu’il a rappelé dimanche. Cette attente et ces doutes sur sa décision s’expliquent parce qu’il y a une marge entre les logiques politiques, souvent implacables, et la psychologie des acteurs politiques, souvent compliquée. Or, entre Macron et Philippe, ce qui s’est passé en 2020 a laissé des traces. Le maire du Havre serait bien resté à Matignon, mais le président l’a remplacé par Jean Castex. Il en est resté une blessure inavouée d’amour-propre. Et quand Philippe a sorti son livre au printemps, il s’est dit « loyal et libre » à la fois. Beaucoup en macronie ont surtout retenu le « libre » et se sont mis à suspecter le remercié de Matignon de penser plus à son propre avenir qu’à la réélection de son ancien patron. Et Philippe a été agacé qu’on puisse ainsi le suspecter. Bref, il s’est installé une distance, voire une méfiance réciproque. D’autant que l’ancien premier ministre va lancer dans un mois son propre parti.

 

Edouard Philippe peut-il se satisfaire d’être au second quinquennat ce que François Bayrou a été au premier ?

En disant les choses clairement, en garantissant qu’il soutiendrait Macron et qu’il souhaitait sa candidature, Edouard Philippe cherche donc à lever tout doute sur ses intentions. Quel rôle peut-il jouer en conséquence dans le dispositif présidentiel ? Difficile à définir. Il peut contribuer à élargir la majorité vers la droite, ce sera d’ailleurs le rôle de son parti, d’autant que même en cas de réélection de Macron, il y a fort à parier que LREM n’aura pas une majorité aussi claire qu’en 2017. Mais d’une part, s’il y a de nouveaux ralliements, ils passeront par le chef de l’Etat lui-même, et d’autre part, un ancien premier ministre peut-il se contenter d’être une force d’appoint, un simple flotteur droit ? Pour le dire autrement, Edouard Philippe peut-il se satisfaire d’être au second quinquennat ce que François Bayrou a été au premier ? Quant à être le patron du grand parti auquel réfléchissent les macronistes, il n’est pas sûr qu’Emmanuel Macron veuille lui donner sur le modèle de Jacques Chirac créant l’UMP en 2002 et la confiant à Alain Juppé. Disons que dimanche, Philippe a donné des gages à Macron mais que sa partition des mois à venir reste encore à écrire.

Guillaume Tabard

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