Marine Le Pen voit le duel face à Emmanuel Macron comme « un choix de civilisation »

Marine Le Pen a besoin de recréer de la dramatisation et de la simplification car si elle a réussi ce qu’on a appelé sa dédiabolisation, elle est paradoxalement menacée aujourd’hui de démonétisation. Dans les sondages, c’est elle qui reste qualifiée au second tour face au chef de l’Etat sortant.

Eric Zemmour : danger ou atout pour le RN ?

Pour recréer les conditions de son duel avec lui, Marine Le Pen doit lever trois hypothèques.La première est interne. Elle doit lever le doute chez les siens. Le revers des régionales pèse sur le moral des troupes dont une partie se demande : notre candidate peut-elle vraiment gagner ? La seconde hypothèque, c’est la concurrence annoncée d’Eric Zemmour ; une concurrence qu’elle ne sait pas vraiment comment gérer.

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Est-il un danger pour elle parce qu’il lui prend des voix et lui ravit le flambeau du parler cash et de la radicalité, notamment sur le terrain de l’immigration ? Ou lui rend-t-il service en lui permettant mécaniquement de se recentrer et en prenant des voix aussi à la droite ? La troisième hypothèque c’est celle de la droite. Une droite pour l’heure empêtrée dans le casse-tête du choix d’un champion, mais une fois qu’il y en aura un et un seul, c’est elle, plus que la candidate du RN qui sera dans la capacité de battre Emmanuel Macron.

 

Jordan Bardella, président par intérim du RN et plus que jamais le bras droit de Marine Le Pen.

On est dans le symbole et je pense que l’impact électoral d’une telle décision est nul. L’idée est simple : montrer qu’elle dépasse le cadre de son parti, qu’elle s’adresse à tous les Français et pas juste aux siens. Jacques Chirac par exemple quittait la présidence du RPR à chacune de ses candidatures à la présidentielle.
Mais c’est par sa personnalité, par son projet et par ses alliés que l’on donne des preuves d’ouverture, pas par artifice d’appareil partisan. C’est comme quand Anne Hidalgo prétend ne pas être la candidate du PS. Si cette opération a une portée, c’est plutôt de renforcer le statut de Jordan Bardella, président par intérim, donc. Bardella, 26 ans, rappelons-le, plus que jamais le bras droit de Marine Le Pen, presque la seule autre figure existant au Rassemblement national.

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Marine Le Pen se pose en défense de toutes les libertés, toujours pour corriger l’image d’un parti que certains qualifient toujours de non républicain.
Mais quand elle décline le thème, elle parle avant tout de politique sanitaire. Ce qu’elle appelle la « liberté vaccinale » est un moyen de capter, ostensiblement, les anti passe sanitaire et, subliminalement les anti-vaccin, comme elle avait voulu se poser il y a deux ans en porte-parole des « gilets jaunes ». Et finalement on en revient à son dilemme : rester la candidate de la contestation ou tenter de se poser en candidate de propositions.

Guillaume Tabard