Eric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin, Elisabeth Moreno : des ministres aux origines modestes ?

Dans le Parisien-Aujourd’hui en France, les ministres veulent faire « peuple ». Quand l’élite honteuse veut se rapprocher des Français, elle insiste sur ses origines populaires. Papier rigolo comme tout dans le Parisien qui nous explique que les nouveaux ministres se sont donné le mot pour montrer qu’ils ont des origines sociales modestes, mieux qu’ils sont un petit peu immigrés eux aussi.

Eric Dupond-Moretti, Elisabeth Moreno, Gérald Darmanin rappellent dans la presse qu’ils viennent de familles modestes

Cela donne un ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti qui déclare que sa mère a quitté son pays d’origine, l’Italie, pour fuir la misère et arriver dans ce grand pays qu’est la France. Ça donne Elisabeth Moreno, nouvelle ministre de l’Egalité, qui rappelle qu’elle est fille d’ouvrier et de femme de ménage. Rien ne la prédestinait à servir la République, rappelle la jeune femme née au Cap-Vert. Et le Premier ministre Jean Castex n’est pas en reste, qui souligne que sa mère était institutrice issue de l’école républicaine, oubliant que son père était sénateur.

 

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Et Alain Grizet ministre des PME, un ancien chauffeur de taxi. Et Nadia Hai la nouvelle ministre des banlieues, issue d’une famille modeste de 4 enfants. Sans oublier Gérald Darmanin qui rappelle une fois de plus que sa mère est femme de ménage et que son deuxième prénom c’est Moussah. Surtout, surtout ne pas faire techno, ne pas donner l’impression qu’on est un bourgeois. Le nouveau diplôme ce sont les origines sociales. N’en jetez plus, explique le Parisien, il y a clairement une volonté de résorber la coupure entre la masse des Français et leur dirigeants, analyse Bernard Poignant ancien maire PS de Quimper.

 

Dominique Reynier dans le Figaro pointe « l’interminable séquence sur le racisme français avec les affaires Floyd et Traoré »

J’ajouterai qu’il y a désormais une honte du diplôme, une honte de la réussite économique, une modestie et une humilité mal placée auquel se substitue l’identité des origines qui fait office de brevet ministériel. Le ministre doit donc être apprécié à l’aune de ce qu’il est et non de ce qu’il fait. A l’aune de là où il vient, et non pas de là où il va. En voilà une jolie construction, un bel écran de fumée pointé dans le Figaro par Dominique Reynier. Le politologue analyse les effets dévastateurs d‘une communication politique totalement larguée, fabriquant de l’abstention et qui construit une réalité qui n’est pas celle des Français.

 

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Comment parler de vague verte, dit-il quand l’abstention historique aurait dû être le principal sujet de cette élection ? Et il ajoute que la représentation médiatique ne considère plus les Français et donne cet exemple : « l’interminable séquence sur le racisme français », dit-il, « et les affaire Floyd et Traoré a certainement donné un sentiment de vertige à plus d’un citoyen, de même que la racialisation du conflit social surgissant dans un pays dont la culture politique combine une puissante tradition républicaine et un état providence particulièrement généreux. […] Les Français ne reconnaissent plus leur propre pays dans le miroir médiatique ».

David Abiker

 

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