Tous vos quotidiens reviennent ce matin sur l’incident de la gifle lors de la visite d’Emmanuel Macron hier dans la Drôme. Pour le Parisien c’est la gifle qui inquiète et dans son édito Jean-Michel Salvator parle de sacrilège. Car nous sommes ici dans le symbole, ce qu’ont bien noté vos quotidiens régionaux.
La gifle visant Emmanuel Macron n’a pas d’existence si elle n’est pas filmée
Pour le Courrier de l’Ouest, une ligne rouge a été franchie. Pour la Dépêche du midi, c’est un tollé. Pour la Montagne, pour les Dernières Nouvelles d’Alsace ou pour Sud Ouest, c’est la République qui est giflée, pour le Progrès de Lyon c’est une claque à la démocratie et pour l’Union cette gifle ébranle la classe politique. La classe politique fait l’union nationale le temps d’une gifle, analyse Libération. Le quotidien explique qu’ils étaient deux, l’un pour gifler, l’autre pour filmer et tweeter.
A lire aussi
Tous vos journaux rappellent ce matin l’enchaînement des faits. La gifle physique, mais également la gifle de l’image. Le Parisien souligne que la gifle est filmée par un témoin qui la postera sur Twitter. Dans Libération on peut lire ceci : « l’agresseur et l’auteur de la fameuse vidéo postée sur un compte anonyme caché derrière une fleur de lys sont interpellés par le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie de Valence ». C’est plus précis et qu’est-ce que ça dit ? Que les deux individus ont enchaîné gifle, vidéo et partage sur les réseaux sociaux. C’est un acte global, de même que la première lame du rasoir tire le poil et que la deuxième le coupe comme disait la pub, eh bien ici la gifle n’a pas d’existence si elle n’est pas filmée.
On ne sait plus si on gifle pour filmer ou si on filme pour gifler
Cette gifle est sans dommage s’il n’y a pas d’image. Et ça, les deux protagonistes le savent, non seulement ils giflent, ils ajoutent un cri de ralliement à bas la macronie et partagent l’image de l’exploit sur internet. Le cynisme de l’époque est là. Ces deux-là sont venus ici autant pour gifler que pour filmer, ils sont venus pour l’outrage mais également pour l’image. On pourra toujours tenter de cerner leur profil : fachos, royalistes, gilets jaunes tendance droite extrême, geek passionné par le Moyen-âge, amateurs de costumes médiévaux, on se trompe de direction.
A lire aussi
Ce qui raconte l’époque ici n’est pas leur profil c’est le mode opératoire. Je gifle, je poste. Et ce mode opératoire ce n’est pas celui des fachos, c’est celui du nouveau monde. On ne sait plus si on gifle pour filmer ou si on filme pour gifler. Elle est là, la nouvelle barbarie avec son cortège de vidéastes aussi idiots et narcissiques qui sont dangereux et cyniques. Et j’irai plus loin, cette vidéo de la gifle permet de la répéter à l’infini. Ce n’est pas une gifle qu’a reçue Macron mais des millions de gifles, autant de gifles que de vues de cette infâme vidéo.
David Abiker