« Edouard Philippe pourrait se positionner pour la présidentielle de 2027 » selon Jean Garrigues

Jean Garrigues, président du comité d’histoire parlementaire et politique et auteur du livre De Gaulle à la plage: L’homme providentiel dans un transat (éd Dunod) était l’invité de Bernard Poirette ce jeudi 13 août. Il estime que l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, à 50% de popularité pourrait être candidat à la présidentielle de 2027.

Jean Garrigues plaide pour un retour au septennat

« J’estime que la mise en place du quinquennat a été une erreur, un choix contraire à l’esprit voulu par Charles de Gaulle pour la 5ème République », a déclaré l’historien Jean Garrigues au micro de Bernard Poirette. Il pointe un système qui montre sa perversité, car l’exécutif manque de temps pour mettre en place une politique, une vision à long terme, ce qui lui est d’ailleurs reproché. Autre écueil, selon Jean Garrigues, l’inversion du calendrier des élections législatives et présidentielle.

 

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Il déplore que les majorités soient associées au président, ce qui « bride l’expression du contre-pouvoir parlementaire », explique-t-il, préconisant un retour au septennat, ou du moins à une séparation entre les législatives et la présidentielle. Pour redonner un souffle à la démocratie, Jean Garrigues plaide pour redonner du poids au parlement, y compris à la majorité parlementaire, et la rendre plus indépendante du président.

 

La 5ème République « a fait ses preuves », et ménage la suprématie du président avec un régime parlementaire, analyse Jean Garrigues

Alors que certains saluent dans ce rapprochement entre les deux élections un moyen pour le président d’être plus efficace, Jean Garrigues y voit un reflet de la contradiction des Français : ils veulent un pouvoir fort et autoritaire, et en même temps beaucoup de démocratie participative et un contre-pouvoir. Faut-il alors créer une 6ème République, comme le réclame une partie de la gauche ?

 

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Jean Garrigues estime au contraire qu’il ne faut pas tourner la page de la 5ème République, qui a fait ses preuves « grâce à un système ambigu : il ménage la suprématie du président avec un régime parlementaire, car le Premier ministre est responsable devant l’Assemblée nationale. Cette dichotomie permet une grande souplesse qui a permis à la 5ème République d’affronter plusieurs crises, notamment mai 68 et la guerre d’Algérie ». L’historien appelle toutefois à la rééquilibrer, après la « dérive présidentialiste » qu’elle a connue avec la mise en place du quinquennat.

 

Si Emmanuel Macron a « laissé partir » Edouard Philippe, c’est qu’il existe un contrat entre les deux hommes pour 2022

Interrogé sur la politique actuelle de la France, et notamment le positionnement du président de la Région Hauts-de-France Xavier Bertrand, Jean Garrigues estime que celui-ci s’inscrit dans l’esprit de la 5ème République en refusant de passer par une primaire à droite. « La primaire est une déformation construite parce que les partis ne parvenaient plus à dégager des figures charismatiques. C’est un cache-misère de la dislocation des grands partis, qui annonçait le dégagisme de 2017 » analyse-t-il, mettant en doute l’existence d’un espace politique permettant à Xavier Bertrand de se présenter sereinement. Quant à « l’énigme Edouard Philippe », selon l’expression de Bernard Poirette, Jean Garrigues estime que si Emmanuel Macron l’a « laissé partir », c’est qu’il existe une sorte de contrat entre les deux hommes : « Emmanuel Macron pour 2022, mais peut-être qu’Edouard Philippe se positionnera en 2027 ».

 

 

Béatrice Mouedine

 

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