C’est depuis Ibiza, aux Baléares, où il était en vacances, que Jean-Michel Blanquer a dévoilé le protocole de la rentrée scolaire de janvier. Une information révélée par Médiapart, confirmée par Le Monde, qui affaiblit un peu plus encore le ministre de l’Education nationale, confronté à une grève des enseignants.
Jean-Michel Blanquer, en politique depuis près de cinq ans, aurait dû réfléchir au moment d’aller à Ibiza
Gageons que si Jean-Michel Blanquer au lieu d’aller à Ibiza, avait choisi de passer ses vacances dans la Manche, la polémique n’eut pas été la même. Le problème avec Ibiza, c’est qu’on est face à la force, à la fois disproportionnée et incontrôlable, des symboles. Alors, avant de voir les symboles, examinons les faits. Première question, est ce qu’un ministre peut, voire, a le droit de prendre quelques jours de vacances, 4 jours entre Noël et le Jour de l’an ? La réponse est évidemment oui. Un ministre doit-il malgré tout rester en alerte durant ces vacances, surtout lorsque l’actualité concerne son ministère ? À l’évidence, oui, et d’ailleurs, c’est ce qu’a fait Jean-Michel Blanquer, puisque d’une part, il a participé au Conseil de sanitaire de défense le 27 décembre et qu’ensuite précisément, il a réalisé cette interview, donc en mettant en place le protocole sanitaire de rentrer depuis son lieu de vacances.
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Si cette fameuse interview au Parisien a fait polémique, c’est en raison du caractère très tardif des mesures qui étaient mises en œuvre pour la rentrée. En fait, c’est le contenu de cette interview qui a été contesté et non pas le lieu d’où elle a été prononcée. Ça fait maintenant deux ans que l’on vit en grande partie à l’heure du télétravail. Plus que jamais, ce qui compte, c’est ce que l’on dit, plus que d’où on le dit. Il n’est malgré tout pas interdit de faire preuve d’un minimum de discernement. Et Jean-Michel Blanquer, en politique depuis près de cinq ans maintenant, devine la force des symboles et peut-être il aurait dû y réfléchir au moment de partir dans cette destination.
Jean-Michel Blanquer est déjà globalement affaibli pour sa gestion à l’école
La question de sa démission est-elle sur la table ? On sait que dans ce genre de situation, les choses peuvent aller assez vite. La ligne de l’exécutif est de dire que Jean-Michel Blanquer n’a commis aucune faute et qu’il a pleinement respecté les règles applicables aux ministres en matière de vacances. L’opposition – c’est compréhensible, même si c’est parfois un peu pavlovien -, réclame sa démission. Ce que l’on sait, c’est que Jean-Michel Blanquer aura à répondre à une question d’actualité à l’Assemblée cet après-midi et que la manière de répondre sera évidemment décisive. En fait, il est confronté aujourd’hui à deux problèmes. Le premier, et on l’a vu par exemple avec l’histoire des dîners à l’Assemblée nationale de François de Rugy, c’est que lorsqu’une polémique démarre autour des symboles, cela peut prendre des proportions tout à fait irraisonnées, et c’est souvent difficile de s’en remettre, même si c’est le plus souvent injuste. Le second problème, c’est que Jean-Michel Blanquer est déjà globalement affaibli pour sa gestion à l’école. Une polémique, lorsqu’elle frappe quelqu’un de solide et de très populaire glisse comme sur les plumes de canard. Lorsqu’elle atteint quelqu’un qui est déjà politiquement affaibli, il est plus compliqué de résister.
Guillaume Tabard