François Bayrou était l’invité de Guillaume Durand ce jeudi 23 avril. Le président du MoDem a assuré que « cette épidémie n’est pas la faute du gouvernement ». Il a préféré incriminer « le modèle français centralisé » et « la bureaucratie ». Le maire de Pau a plaidé pour une plus grande décentralisation du pouvoir politique et le retour de « la prévision et de la stratégie » dans le pays.
François Bayrou ne voit pas d’intérêts à créer des commissions d’enquêtes parlementaires
« Notre pays est menacé de la plus grave crise économique et sociale que l’on ait connue depuis deux siècles ». François Bayrou, invité aujourd’hui à discuter avec Emmanuel Macron « par visio-conférence de ce qui va se passer après le 11 mai », a appelé de ses vœux l’émergence d’une « démarche qui dépasse les réflexes partisans » face aux crises sanitaire et économique du pays.
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Il ne croit pour autant « guère » à l’unité nationale « au sens strict », qui inclurait Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. « Les appareils politiques ne sont pas prêts à se faire des cadeaux et à s’entendre avec le gouvernement ». Le gouvernement qui, pour François Bayrou allié de La République en Marche, n’a commis aucune faute et ne devrait pas faire l’objet d’enquêtes parlementaires pour répondre de ses décisions. « La plupart des enquêtes disent que les Français savent que cette épidémie, ce n’est pas la faute du gouvernement et que les pouvoirs publics font ce qu’ils peuvent et assez bien », a-t-il affirmé, bien que le dernier baromètre du Cevipov montre au contraire une défiance accrue envers l’exécutif, à 58% d’opinions défavorables.
"Je trouve que la représentation nationale rendrait un service au pays en allant voir de manière non partisane les pays qui ont eu une gestion plus efficace de la crise" @bayrou – Maire de @Ville_Pau et Président du @MoDem
https://t.co/c0SZYV73HO— Radio Classique (@radioclassique) April 23, 2020
« Je suggérerais à nos amis parlementaires que l’on mette en place une commission, non pas destinée à régler les comptes, mais destinée à savoir pourquoi dans certains pays, l’épidémie a été mieux maîtrisée qu’elle ne l’a été chez nous ».
La centralisation des décisions à Paris est « impossible » et « absurde » pour François Bayrou
François Bayrou a notamment vanté la gestion de l’épidémie par l’Allemagne ou encore la Grèce, « un pays loin d’être suréquipé en matière sanitaire ». L’ancien ministre de l’Education nationale a préféré rejeter la faute sur la bureaucratie française et une tendance décennale au court-termisme dans le monde politique. « Nous avons une organisation politique et administrative qui a perdu depuis des décennies l’habitude de la prévision et de la stratégie ».
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« Nous réfléchissons en termes de quelques mois, de quelques jours, de quelques heures parfois. On attend des réactions extrêmement rapides destinées à répondre aux mouvements de l’opinion publique et nous avons perdu la vision du long terme et du moyen terme ». Le maire de Pau pense que la solution durable pour palier les problèmes de gouvernance du pays se trouve dans la décentralisation.
Déconfinement : "Cette nécessité d'adapter la réflexion aux différences réelles sur le terrain explique pourquoi le modèle français doit changer. La réponse sanitaire a été plus efficace en Allemagne" @bayrou – Maire de @Ville_Pau et Pdt du @MoDem
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« Le modèle français est en train de changer, parce qu’il est obligé de changer. Parce qu’il est un modèle extrêmement centralisé, dans lequel on croit qu’une décision prise à Paris doit s’appliquer, le petit doigt sur la couture du pantalon, dans toutes les régions françaises, dans toutes les villes françaises. On s’aperçoit que c’est impossible et que c’est absurde. Vous ne pouvez pas traiter de la même manière des régions qui sont à l’abris du virus, comme les nôtres, et des régions profondément atteintes ».
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Pour autant, François Bayrou a salué la décision d’Emmanuel Macron de confiner le pays entier, malgré les disparités régionales en termes de contaminations. L’Allemagne fédérale n’avait, elle, confiné totalement que certains länder particulièrement touchés. « Le confinement a marché, a stoppé la progression de l’épidémie. Ce qui montre bien que c’était, à ce moment-là, la décision à prendre », a-t-il argué.
« Nous sommes relativement à l’abris de l’épidémie » s’est réjoui le maire de Pau
François Bayrou s’est félicité du respect du confinement par les Français, même si certains maires ont dit observer des abus et jugé nécessaire de restreindre davantage les déplacements de leurs administrés, en prenant parfois des arrêtés de couvre-feu, comme dans des quartiers sensibles. Emmanuel Macron a confirmé en déplacement hier en Bretagne que les trajets inter-régions devrait être limités plusieurs semaines après le déconfinement.
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Le tout, pour éviter la propagation du virus dans des zones peu impactées, comme le sont les Pyrénées-Atlantiques. « Nous sommes relativement à l’abris de l’épidémie, avec une part très faible de la population qui est touchée et des malades qui se remettent assez vite. On avait transféré des malades du Grand Est chez nous, et ils ont été pour la plupart guéris très vite et sont sortis ».
"Le Grand Ouest est relativement à l'abri de l'épidémie. Nous avons cette chance"@bayrou – Maire de @Ville_Pau et Président du @MoDem
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Comment expliquer la résistance que la ville de Pau a pu offrir au virus ? François Bayrou a répondu en faisant un brin d’Histoire : « Lorsque les Anglais sont venus s’installer à Pau, avant de migrer vers Nice, ils sont venus parce qu’un très grand médecin britannique avait dit : à Pau, toutes les maladies guérissent ».
Nicolas Gomont