Les sous-marins français « ne répondaient pas à nos intérêts stratégiques », a expliqué le Premier ministre australien Scott Morrisson, dimanche. L’intérêt de Canberra était d’acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire, a de son côté expliqué Peter Dutton, son ministre de la Défense.
L’Amérique, le choix du réalisme pour l’Australie
L’Australie assure qu’elle a besoin de sous-marins à propulsion nucléaire, et que c’est pour cela qu’elle a privilégié les Etats-Unis au détriment de la France. Or cette justification ne satisfait pas Paris, car lors de la signature du contrat qui liait les deux pays, la France avait bien proposé cette même technologie. Mais en 5 ans, la géopolitique dans la zone indopacifique a finalement fait pencher la balance en faveur de Washington. L’amiral Jean-Louis Lozier, ex-commandant de sous-marins et expert en relations internationales explique que la préférence de l’Australie pour la propulsion nucléaire relève du simple bon sens : « Il permet de se déployer loin, longtemps, en toute discrétion, et rapidement ! ».
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En 2020, quand la Chine a multiplié les sanctions commerciales à l’égard de l’Australie
Mais ce seul argument ne justifie pas la position de Canberra. La France ayant proposé cette même technologie à l’Australie, lors des négociations du désormais ex-contrat. Il faut y voir surtout une nécessité de se mettre sous le parapluie d’un allié puissant dans la région. « Si les Australiens cherchaient des garanties de sécurité, il est clair que l’allié américain est beaucoup plus puissant que l’allié français », poursuit Jean-Louis Lozier. Car là où les Etats-Unis déploient 60 navires dans le Pacifique, la France n’en possède que 7, et la Chine 360 bâtiments de guerre. Un choix de la raison donc pour une Australie qui a vu ces dernières années ses relations se tendre avec Pékin. Les relations sino-australiennes se sont détériorées en 2020, quand la Chine a multiplié les sanctions commerciales à l’égard de Canberra, explique Antoine Bondaz, politologue spécialiste de la Chine : « Pékin a sanctionné l’ensemble des exportations australiennes, c’est ce qui explique cet alignement sur Washington ». L’Amérique, le choix du réalisme pour l’Australie, pour faire face à l’appétit d’une Chine de plus en plus expansionniste.
Eric Kuoch