Le philosophe Bernard-Henri Lévy, dont le film « Princesse Europe » réalisé par Camille Lotteau sort demain, était l’invité de Guillaume Durand ce mardi 13 octobre. L’écrivain donne son avis sur la Russie qu’il considère comme un « pays zombifié » et dénonce son manque de vitalité par l’absence « d’édition libre » ou encore de « livres créatifs et inventifs ». Il désigne également la Turquie comme un véritable danger pour l’Europe.
Pour Bernard-Henri Lévy, la Turquie est le « principal adversaire de l’Europe«
Interrogé sur les propos de Michel Houellebecq qui avançait qu’il y a plus de vitalité dans la Russie dictatoriale que dans l’Europe aujourd’hui, Bernard-Henri Lévy a montré son désaccord, estimant que « la Russie est confinée depuis des années ». Il a insisté sur cet aspect en martelant que la Russie est « un pays zombie, avec une culture zombie, avec une société zombie, avec un président zombie ». Pour lui, le manque d’édition libre, de livres inventifs et créatifs témoigne de cette vitalité inexistante.
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Questionné sur la Turquie par Guillaume Durand, le philosophe a désigné ce pays comme « le principal adversaire de l’Europe ». La présence de navires turques au large de la Grèce est une nouvelle provocation pour Bernard-Henri Lévy. Selon lui la question de l’appartenance de ce pays à l’OTAN et la poursuite du processus d’admission dans l’Union Européenne sont des absurdités : « c’est accueillir le loup dans la bergerie ». Il estime que « tant qu’Erdogan est au pouvoir et tant que ce mélange d’esprit ottoman et d’islamisme radical règne à Ankara, ces processus doivent s’arrêter ».
« Un humanisme européen battu en brèche »
Le film « Princesse Europe » suit Bernard-Henri Lévy, sillonnant l’Europe avec une pièce de théâtre qu’il joue partout où il passe. Dans ce film, le philosophe est un fervent défenseur de l’Europe. Il a expliqué au micro de Guillaume Durand qu’il se bat pour « un humanisme et un idéal européen qui sont peut-être en train de s’éclipser ». Le but de cette tournée et de ce film a été pour lui de vérifier que « cet humanisme est toujours vibrant et que des gens y croient encore ». Répondant à Michel Houellebecq qui l’avait désigné comme un « tourisme du désastre », Bernard-Henri Lévy s’est défendu de faire du tourisme. Il dit « manifester la fraternité et l’humanisme dans des endroits que cet idéal européen déserte ».
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Interrogé par Guillaume Durand sur la possibilité de mener des actions plus concrètes au sein d’un administration, Bernard-Henri Lévy s’est dit incapable réaliser cette tâche. Il a d’ailleurs avoué que Jacques Chirac aurait pensé à lui pour être ministre, ce qu’il a refusé.
Il est aussi revenu sur son père, qu’il considère comme un modèle et un « tuteur intérieur » encore aujourd’hui, de nombreuses années après son décès. Il a insisté sur la présence de son père dans chacune de ses expéditions, même depuis sa mort.
Affaire Sarkozy-Khadafi : un rôle encore important en Lybie
Alors que les jugent enquêtent sur une possible aide financière de Khadafi dans la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, Bernard-Henri Lévy est revenu sur son engagement en Lybie. Il a expliqué ne jamais avoir voulu libérer des djihadistes mais « libérer un peuple d’une dictature » en militant pour une intervention militaire contre Khadafi. Il explique être retourné en Lybie il y a quelques semaines pour lancer une initiative et des appels venant de la société civile : « je continue de faire de mon mieux pour cette Lybie qui est un pays qui mérite mieux ».
Quel est le rôle d’un intellectuel ? Pour Bernard-Henri Lévy, il s’agit, armé d’une culture philosophique, « de parler des choses qui parlent aux gens ». Il encense Husserl et Sartre, qui pour lui ont eu le talent de se « coltiner la grande colère des choses ». L’écrivain veut mettre ce qu’il a appris « au travail de la crise sanitaire, de la crise de conscience de l’Europe, de ce sentiment de pétrification ou de paralysie que l’on sent dans la société française ».
Antoine Mouly
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— Radio Classique (@radioclassique) October 13, 2020