Il y a parfois quelque chose de cruel dans le traitement de l’actualité, ce que ne manquent pas de constater les rédactions qui parlent, avec un certain cynisme, d’« une information qui chasse l’autre ». Entre les incendies dans le Var et l’Afghanistan de nouveau sous le joug des Talibans, les près de 2 000 décès causés par le violent séisme en Haïti ont presque été éclipsés.
Haïti : «Nous ne sommes pas en mesure de prendre en charge les blessés que nous recevons»
Ce matin, La Croix donne à voir un pan de la vie en Haïti dans un article ayant pour titre : « La longue attente des secours ». L’image en haut de la page montre une église disloquée. Sept paroissiens sont morts, là-bas, explique le quotidien.
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« Nous ne sommes pas en mesure de prendre en charge les blessés que nous recevons », se désole une infirmière. « J’ai déjà vu deux personnes mourir sous mes yeux. Et à l’instant ou je vous parle il y a un enfant blessé. Il ne va pas tarder à filer », poursuit-elle.
Une trêve a été négociée avec les gangs armés
Où sont les secours ? Le gros de l’aide humanitaire arrive au compte-gouttes, indique La Croix. Alors sur place, c’est le royaume du silence et du système D. Les bâtiments en ruine sont déblayés à la main, et tous les jours, des personnes prisonnières des décombres sont extirpées. Les rescapés vivent dehors et dorment à la belle étoile par peur des répliques. Même s’« il y a bien la route nationale 2 » pour accéder à l’épicentre du séisme qui se trouve dans une zone reculée du Sud, la voie traverse un quartier malfamé de la capitale, contrôlé par des gangs armés, raconte le journaliste. Pour laisser passer les convois, il a fallu négocier une trêve avec les malandrins. Et comme si ce n’était pas assez, il faut aussi faire avec une météo dangereuse. De nouveaux renforts arriveront à partir de demain, six jours après la catastrophe.
Victoire Faure