Dans quelques heures, Donald Trump doit dévoiler son plan pour le Proche-Orient. Pour l’occasion, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a été invité à la Maison Blanche.
La solution à deux Etats surement écartée du plan Trump
Certains présidents américains ont joué, autrefois, un rôle de faiseur de paix. Nous avons tous en mémoire cette image de Bill Clinton incitant Yasser Arafat et Yitzhak Rabin à se serrer la main sur la pelouse de Washington en 1993. Ce soir, Donald Trump risque de jouer une autre partition. Il devrait sortir de son chapeau un plan élaboré par son gendre, Jared Kushner, avec l’ambassadeur américain David Friedman, très proche des colons israéliens. Ce plan recommanderait l’annexion de toutes les colonies de Cisjordanie et de la vallée stratégique du Jourdain, soit 30% de la Cisjordanie actuellement considérée comme un territoire palestinien. Pour couronner le tout, le document officialiserait la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, bafouant ainsi toutes les résolutions de l’ONU depuis un demi-siècle. Il semble que la simple mention d’une solution à 2 Etats, un Etat palestinien indépendant coexistant avec l’Etat hébreu, ne figure même pas dans le projet américain; ce qui serait une première. La condition essentielle de la paix ne fait plus partie des objectifs de la Maison Blanche, qui épouse parfaitement la politique menée par Benjamin Netanyahou. Ce plan de paix à l’image de Donald Trump est surtout un plan d’entr’aide électorale pour 2 hommes qui luttent pour leur maintien au pouvoir en mars et en novembre prochains, et qui sont tous deux aux prises avec les juges. Ceux du Sénat américain pour l’un et ceux du parquet israélien pour l’autre.
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Les Palestiniens, eux, sont absents de la photo parce qu’ils ont coupé tous les contacts avec l’administration Trump depuis 2 ans. Plus particulièrement, depuis que le président américain a décidé de déménager l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem; reconnaissant ainsi la Ville Sainte comme capitale d’Israël. Mais, de toute façon, le plan Trump tel qu’on l’imagine ne peut pas être du goût des Palestiniens puisqu’il pérennise la colonisation israélienne et grignote un peu plus le territoire de Cisjordanie. Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, n’a même pas voulu en discuter avec le chef de la Maison Blanche auquel il ne reconnait aucune légitimité et aucune crédibilité pour jouer les arbitres impartiaux. Une première manifestation a eu lieu hier dans la bande de Gaza. D’autres s’organiseront dans les jours à venir. Et surtout, l’Autorité palestinienne laisse planer la menace d’une sortie des accords d’Oslo, qui régissent depuis 25 ans le partage des responsabilités en matière de sécurité en Cisjordanie. Si c’est le cas, le plan Trump risque de se traduire par un grand bond en arrière… vers la guerre !
Emmanuel Faux