Luc Ferry était l’invité d’Esprits Libres ce matin sur Radio Classique. Le philosophe explique que traiter avec les talibans ne suffit pas puisque Daech est également impliqué. Il se montre de plus en faveur du droit d’ingérence, qu’il distingue de l’occupation.
Luc Ferry : « organiser des couloirs humanitaires nécessite une présence militaire extraordinairement forte »
Interrogé sur la nécessité de négocier avec les talibans, Luc Ferry considère que « cette idée n’a pas grand sens parce qu’il y a deux acteurs aujourd’hui ». Daech ne peut pas être ignoré explique-t-il, surtout après l’attentat à l’aéroport de Kaboul qui a fait une centaine de morts.
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Quand bien même il serait possible de négocier avec les talibans, « organiser des couloirs humanitaires sans présence militaire extraordinairement forte, c’est désigner à Daech les cibles, ce qui est extrêmement dangereux » poursuit-il. Maintenant que les Américains ne sont plus là, il ne considère pas l’ONU capable de protéger les couloirs humanitaires, ou alors il faudrait que les casques bleus soient très armés, poursuit-il.
Le droit d’ingérence pour lutter contre l’indifférence
Luc Ferry fait la distinction entre occupation et droit d’ingérence. Ce dernier se définit comme le fait de mener des opérations ponctuelles et strictement humanitaires, assure-t-il. Autrement dit, cela signifie lutter contre l’indifférence, ajoute-t-il. Un concept qui, il l’explique, s’est développé pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que Charles de Gaulle, Churchill ou encore Roosevelt ne se préoccupaient guère du sort des juifs.
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Si le philosophe considère qu’il faut laisser les peuples se développer, il estime également qu’il faut les aider, mais intelligemment. Or mettre en place un « gouvernement pourri et corrompu jusqu’à la moelle » à Kaboul, n’a fait en réalité que « créer du lien entre la population et les talibans », développe-t-il. Selon lui, « une grande partie de la population préfère à la limite les talibans au gouvernement corrompu mis en place par les Américains ».
Alexandra Legrand
