Afghanistan : Après le retour des talibans, les habitants sont confrontés à la famine

Quatre mois après le retour au pouvoir des talibans et le départ des occidentaux, l’Afghanistan sombre progressivement dans la misère.  Entre extrême pauvreté, répression, famine, monnaie au plus bas et droits des femmes quasiment inexistant, le régime des fondamentalistes est à la peine.

C’est depuis sa fenêtre que Shaima observe la descente aux enfers de son pays

Le quotidien des Afghans est très difficile. Parce qu’elle travaillait pour l’ancien gouvernement afghan, Shaima vit complètement prostrée, cachée des talibans qui la traquent sans relâche. Cela fait 4 mois qu’elle n’est pas sortie de chez elle. « Je crois que je deviens complètement folle. Tout ce que j’ai ici, ce sont mes livres, et mes enfants. C’est un jour sans fin. Un jour sans liberté, sans éducation, sans bonheur, sans divertissement ». C’est donc depuis sa fenêtre, que Shaima, observe la lente descente aux enfers de son pays. « La pauvreté nous ronge, et les prix explosent, il n’y a plus de travail. Beaucoup sont affamés mais ils ne peuvent plus s’acheter à manger et ne peuvent plus nourrir les enfants ».

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La conséquence est que la malnutrition explose, mais les hôpitaux qui tiennent encore debout ne peuvent pas répondre à l’urgence. Selon Sarah Château responsable du programme Afghanistan pour Médecin sans frontières. : « le système de santé afghan était financé par les organismes internationaux. La suspension des fonds a donc été dramatique. On voit les gens arriver dans des états catastrophiques. Nos équipes sur le terrain voient aussi des gens faire la manche ou vendre tous leurs biens sur le trottoir pour récupérer un peu d’argent. Cela nous inquiète énormément ».

« Je ne dors qu’une demi-heure par nuit et j’ai même pensé à mettre fin à mes jours »

Sur place, près de 9 millions de personnes risquent la famine. Et pour ceux qui ont réussi à fuir au retour des talibans, la situation n’est pas toujours beaucoup plus enviable. Radio Classique a réussi à joindre Massouda, ancienne chercheuse en sciences politiques à Kaboul, elle est désormais réfugiée à Salamanque, en Espagne, depuis 4 mois : « c’est très difficile pour moi, je ne connais pas l’espagnol et c’est très difficile ici. Toute ma famille est à Kaboul et mes parents ont de graves problèmes d’argent mais d’ici je ne peux rien faire pour eux car je n’ai aucun revenu. J’aimerais avoir un travail mais dans cette situation ce n’est pas possible. Cela va faire bientôt 6 mois que je suis dans cet hébergement provisoire. La vie est devenue encore plus difficile, je ne dors qu’une demi-heure par nuit et j’ai même pensé à mettre fin à mes jours. L’Espagne m’a aidé à quitter l’Afghanistan et j’en suis très reconnaissante mais je ne sais rien de mon avenir ».

Rémi Vallez 

Ecoutez le reportage de Rémi Vallez : 

 

Ecoutez le témoignage de Massouda au micro de Rémi Vallez : 

 

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