Tran to Nga : Son combat pour la reconnaissance du drame de l’Agent Orange au Vietnam

Durant la guerre du Vietnam, l’armée américaine a déversé dans les campagnes vietnamiennes plusieurs dizaines de millions de litres d’Agent Orange, un désherbant. Un empoisonnement à grande échelle que dénonce la franco-vietnamienne Tran To Nga. En 2014, elle a décidé d’assigner en justice 26 multinationales de la pétrochimie, la première audience a lieu ce lundi 25 janvier au tribunal d’Evry.

Agent Orange : l’armée américaine s’en servait pour détruire la forêt vietnamienne et exposer les indépendantistes

Tran To Nga a aujourd’hui 79 ans et vit dans l’Essonne. Elle est née dans ce qui était alors l’Indochine et a fait ses études à Hanoi. En 1966, ses diplômes en poche, elle décide de partir dans le Sud du pays pour rejoindre les indépendantistes, ennemis des Américains : « je suis devenue journaliste de guerre à l’agende ce presse de la libération » nous rapporte-t-elle.

A lire aussi

Elle va passer plusieurs années dans le maquis, où, entre 1961 et 1971, seront déversés au moins 80 millions de litres de défoliants toxiques par l’armée Américaine. Tran to Nga explique avoir été directement victime de cela : « j’ai reçu une poudre un peu liquide qui m’étouffait alors que j’étais naïvement sortie de mon abri, ma mère m’a ordonné de me laver sur le champ ». Cette poudre est ce qu’on appelle l’Agent Orange, un puissant herbicide utilisé pour détruire la luxuriante végétation du pays. André Bouny, auteur du livre L’agent Orange, Apocalypse Viêt Nam détaille l’ampleur des dégâts : « le but était de détruire la forêt tropicale primaire afin de mettre à découvert les indépendantistes ainsi que de détruire les ressources vivrières pour les affamer ».

 

Tran To Nga a développé de nombreux soucis de santé à cause de l’Agent Orange

L’Agent Orange contamine tout l’environnement, s’infiltre dans les sols, dans l’eau, mais aussi dans la chaîne alimentaire. Cet herbicide est un puissant perturbateur endocrinien et les conséquences sanitaires se révèlent dès la fin de la guerre : les cancers et les fausses couches se multiplient, mais aussi de terribles pathologies physiques et mentales chez les enfants.

A lire aussi

 

Tran to Nga a eu elle-même une anomalie génétique, du diabète, de l’hypertension, un cancer du sein, et a transmis certaines de ces pathologies à ses enfants. Ce n’est que plus tard qu’elle fera le lien entre ses soucis de santé et l’Agent Orange. Elle décidera donc en 2014 d’assigner en justice plusieurs multinationales dont Monsanto ou Dow Chemical pour avoir fourni à l’armée américaine ces produits. Après 6 ans de procédures, la première audience a lieu aujourd’hui. Un procès qu’elle espère historique pour la reconnaissance du drame de l’Agent Orange, pour elle, sa famille et toutes les victimes vietnamiennes.

Baptiste Gaborit

 

Retrouvez l’actualité du Classique