Réchauffement climatique : 425 « bombes climatiques » prêtes à faire exploser nos émissions carbone

Des scientifiques ont identifié 425 sites ou projets qualifiés de « bombes climatiques ». Les émissions de ces sites représentent à elles seules plus de deux fois le budget carbone disponible pour limiter le réchauffement climatique.

Sur ces 425 sites, 256 sont déjà en exploitation

425 sites d’extraction de combustibles fossiles, de charbon, de pétrole ou de gaz en exploitation ou en projets, ont été qualifiés de « bombes climatiques » par les chercheurs qui les ont identifiées. Ces « bombes carbone » risquent bien de faire exploser les émissions de CO2 dans le monde. Ainsi, ils rendraient impossible l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degrés. Dans le détail on dénombre donc 230 mines de charbon et 195 sites pétroliers ou gaziers. Tous ont été identifiés et localisés par plusieurs ONG et par des chercheurs. Leur étude vient d’être publiée. Sur ces 425 sites, 256 sont déjà en exploitation. Les autres sont encore à l’état de projet. Ils sont répartis dans 48 pays mais sont situés majoritairement en Chine, en Russie, aux Etats-Unis ou encore en Arabie Saoudite.

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Ces 425 bombes climatiques pourraient émettre à elles seules plus de 2 fois le budget carbone restant pour limiter le réchauffement à 1,5 degrés. Le budget carbone, c’est un plafond d’émissions calculé par des scientifiques comme Roland Séférian climatologue et co-auteur du GIEC : « c’est une frontière géophysique et climatique qui stipule qu’au-delà d’une quantité de carbone émis, on sera dans l’incapacité de limiter le réchauffement à 1,5 degrés. La marge de manœuvre est donc très faible ». Déjà dans une étude publiée en 2018, d’autres chercheurs estimaient que les infrastructures d’extractions des combustibles fossiles déjà en exploitation dépassaient à elles seules le budget carbone : « les infrastructures existantes consomment déjà la totalité du budget carbone. Il y a 5 ans on pouvait déjà fixer une limite et prévoir que les émissions de toutes nouvelles infrastructures dépasseraient notre capacité à endiguer le réchauffement climatique ». 

« Il faut renoncer immédiatement à ces projets si l’on veut garder un espoir de sauver l’humanité »

Dans une autre étude publiée le 17 mai, des chercheurs estiment ainsi que près de la moitié des sites de production vont devoir fermer prématurément si l’on veut tenir l’objectif des 1,5 degrés. On en est encore très loin selon Lucie Pinson, directrice de l’ONG Reclaim Finance : « 96% des entreprises productrices de pétrole et de gaz, et la moitié des entreprises du secteur du charbon prévoient toujours le développement de projets. Il faut y renoncer immédiatement si l’on veut garder un espoir de sauver l’humanité ». L’an dernier, l’Agence Internationale de l’Energie dans un message inédit et historique, appelait elle aussi à stopper les nouvelles installations pétrolières et gazières.

Baptiste Gaborit

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