Le bras-de-fer entre Paris et Londres sur les licences de pêche post-brexit se poursuit. La ministre de la Mer Annick Girardin sera à Luxembourg et à Bruxelles aujourd’hui, avec pour objectif de créer un front européen derrière la France, et préparer les premières mesures de rétorsion.
Le traité post-Brexit n’est pas respecté selon les pêcheurs français
Cela fait plusieurs jours maintenant que le gouvernement et les pêcheurs haussent le ton face au Royaume-Uni. Exaspérée par le dossier des licences de pêche, fin septembre, l’île anglo-normande de Jersey a rejeté 75 demandes de licences de pêcheurs normands, pourtant habitués aux eaux de Jersey mais qui n’ont plus le droit d’y aller. L’accord post-brexit prévoit que les pêcheurs français puissent continuer à s’y rendre à condition de prouver qu’ils y pêchaient auparavant.
A lire aussi
Jean-Luc Hall, directeur général du comité national des pêches maritimes explique qu’ils ont bien fourni des éléments de preuve, notamment les bornages téléphoniques. Le maximum a été fait, et le Royaume-Uni fait preuve de mauvaise foi, selon les pêcheurs. Le traité post-Brexit n’est pas respecté selon eux, un avis que partage d’ailleurs le gouvernement français. La situation est intolérable, dénonçait la semaine dernière le Premier ministre Jean Castex.
Annick Girardin espère pouvoir présenter les premières mesures de rétorsion au cours de la deuxième quinzaine du mois d’octobre
Des mesures de rétorsion sont évoquées, celles prévues en cas de non-respect du traité. Pierre Karleskind est député européen, président de la commission pêche au parlement européen : « En vertu de l’accord entre Bruxelles et Londres, le Royaume-Uni peut accéder au marché électrique européen. Nous pourrions tout à fait imaginer remettre en cause, au moins en partie, cet accès ». Il suggère aussi d’étudier la possibilité de rétablir les tarifs douaniers. Le gouvernement agite également la menace de mesures de rétorsion nationales, sur l’accueil par exemple d’étudiants britanniques en France, ou en réduisant la fourniture d’électricité à Jersey qui passe par un câble sous-marin depuis la France.
A lire aussi
La ministre de la Mer Annick Girardin rencontre aujourd’hui ses homologues européens de la pêche ainsi que le commissaire européen en charge de la pêche. L’objectif est de faire bouger la Commission européenne, plutôt discrète jusque-là. Elle se refuse à tout commentaire sur de possibles mesures de rétorsion. Les discussions continuent avec les deux parties. La ministre de la Mer Annick Girardin espère de son côté, pouvoir présenter les premières mesures de rétorsion au cours de la deuxième quinzaine du mois d’octobre.
Baptiste Gaborit