Il s’agit selon les Nations Unies de la seule famine liée au changement climatique en ce moment dans le monde. Le sud de Madagascar fait face à sa pire sécheresse depuis 40 ans. Résultat : la région est en proie à une grave crise alimentaire avec déjà plus d’ 1 million de personnes qui souffrent de la faim.
6 districts du sud du pays présentent des taux de malnutrition de plus de 15%
91% de la population du sud de l’île est en grande difficulté économique. 500 000 enfants sont en état de malnutrition, dont 135 000 atteint de malnutrition aigüe. Pasqualina Disirio, la directrice à Madagascar du Programme Alimentaire Mondial, l’organisme d’aide alimentaire de l’ONU explique que « les gens présentent une malnutrition sévère. La situation est dramatique, il s’agit de sauver des vies ». 6 districts du sud du pays présentent des taux de malnutrition de plus de 15%. Les dernières récoltes de maïs, de riz ou de manioc ont été très mauvaises, estimées à 40% d’une année normale. Pour survivre, de nombreux habitants ont dû vendre leur cheptel, leurs parcelles, vivent sur la cueillette ou sont réduits à se nourrir de cactus. Selon Pasqualina Disirio : « dans la meilleure des hypothèses, les gens mangent les fruits du cactus. Après l’avoir fait macérer ils essayent de le rendre comestible. Normalement c’est une alimentation destinée aux animaux et non pas aux humains ».
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Les sécheresses se sont multipliées depuis 4 ans. La sécheresse de l’an dernier était très longue et très violente. Selon Claire Kaboré, représentante du GRET à Madagascar, une ONG qui intervient dans le sud malgache depuis une vingtaine d’années, « il n’a pas plu pendant près d’un an et en plus de la sécheresse on a observé des vents de sables particulièrement violents qui ont asséché les cultures et détruit les parcelles ».
L’ONU estime à 67 millions d’euros les besoins pour distribuer suffisamment de nourriture aux Malgaches
A cela s’ajoute l’année Covid pendant laquelle les recettes touristiques ont été réduites à néant dans une région marquée déjà par de nombreuses crises alimentaires. « Il y a des problèmes d’approvisionnement en eau potable qui sont récurrents et qui ne datent pas d’aujourd’hui, il n’y a pas eu suffisamment d’investissement dans l’eau. Il y a pourtant des solutions possibles » clame Claire Kaboré.
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Pour répondre à l’urgence, le Programme Alimentaire Mondial et les autres ONG distribuent depuis des mois des vivres alimentaires mais travaillent aussi sur des solutions de long terme. Notamment sur des projets d’agroécologie avec des semences plus résistantes aux sécheresses. « Ces techniques ont fait leur preuve cette année ou il n’a pratiquement pas plu. Les producteurs qui avaient adopté ces semences ont eu une période moins difficile et ces cultures ont survécu à la sécheresse » dit Claire Kaboré. La période de soudure, entre les plantations et la prochaine récolte, doit durer 6 mois. D’ici là, l’ONU estime les besoins à 67 millions d’euros pour distribuer suffisamment de nourriture aux Malgaches.
Baptiste Gaborit