Le Manta : un voilier géant qui dévore le plastique des océans

C’est un projet fou imaginé par Yvan Bourgnon, la création d’un bateau géant pour collecter le plastique dans les océans. Le navigateur et aventurier a dévoilé hier la maquette définitive de son Manta.

Le Manta collectera jusqu’à 10 000 tonnes de déchets plastiques chaque année

Ce bateau, nommé le Manta, Yvan Bourgnon y travaille depuis 2015 avec l’association qu’il a créé, The Sea Cleaners. Le projet représente des milliers d’heures de recherche et 30 salariés. Le Manta fait 56 mètres de long, 26 de large et 62 de haut. Deux techniques ont été développées pour ramasser les plastique : « la première est de piéger les déchets entre les coques du bateau et les capter avec des tapis qui les font remonter à l’intérieur. La deuxième : des filets de surface qui vont capturer jusqu’à un mètre de profondeur les plastiques sur une surface de 50 mètres de large » détaille Yvan Bourgnon.

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L’objectif est de collecter 1 à 3 tonnes de déchets par heure et de 5 000 à 10 000 tonnes de plastique chaque année. A l’origine, le navigateur imaginait stocker ce plastique à bord puis le débarquer lors des escales pour qu’il soit recyclé, mais les déchets collectés seront finalement utilisés pour l’énergie du Manta grâce à la technologie de la pyrolyse : la fonte à haute température du plastique pour fabriquer de l’énergie électrique. Le Manta c’est également 1500 m2 de voiles, 500 m2 de panneaux solaires et 2 éoliennes. Cet immense bateau sera autonome à 75%, un exploit pour un voilier de 2000 tonnes.

 

Yvan Bourgnon espère une mise à l’eau pour 2024

Le Manta n’ira pas chercher les plastiques au milieu des océans, Yvan Bourgnon souhaite se concentrer sur le littoral et les estuaires des grands fleuves. L’objectif est selon lui « d’aller à la source du problème, capter le déchet plastique qui flotte avant qu’il ne se désagrège et qu’il finisse dans la bouche des oiseaux et des poissons ».  Yvan Bourgnon et son équipe ont déjà réuni 13 des 30 millions d’euros nécessaires au développement du projet. La deuxième levée de fond aura lieu l’année prochaine avec pour objectif de mettre à l’eau le Manta en 2024.

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Le projet ne convainc pas tous les spécialistes de la pollution plastique. Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des micro-plastiques, évoque un bateau exceptionnel par son autonomie et utile pour le sensibilisation des populations mais reste réservé sur la possibilité de collecter le plastique. Le projet aura son utilité, certes, mais il ne faut pas penser qu’il va pouvoir nettoyer les océans. Yvan Bourgnon, lui, imagine déjà la deuxième partie de son projet, la construction non pas d’un seul mais 400 Mantas, financés par des Etats pour traiter de la pollution de long de leurs côtes.

Baptiste Gaborit

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