Le gouvernement pourrait ré-autoriser les chasses traditionnelles d’oiseaux

istock

Les chasseurs veulent faire entendre leurs voix. Ils manifesteront demain à Mont-de-Marsan, à Caen, à Forcalquier ou encore à Redon. Des chasseurs qui s’estiment maltraités notamment après l’interdiction par le Conseil d’Etat des chasses traditionnelles d’oiseaux. Ce sont ces mêmes chasses que le gouvernement souhaite ré-autoriser.

« Les alouettes ont perdu 35% de leur effectif en 15 ans »

Le ministère de la Transition écologique a mis en consultation hier, 8 arrêtés pour permettre la poursuite de certaines de ces chasses. La capture à la tenderie des vanneaux et pluviers dorés, dans les Ardennes ou encore la capture d’alouette des champs avec des filets, fait bondir les ONG. Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) se dit scandalisé de cette maltraitance à l’aide de lacets à nœuds coulissants qu’il juge inacceptable. Les vanneaux sont déjà parmi les espèces les plus fragiles. Les alouettes elles, ont perdu 35% de leur effectif en 15 ans. Au total, 115.000 oiseaux seraient concernés par ces chasses traditionnelles. Le tout dit-il, 8 jours après la fin du congrès mondial de la nature à Marseille, consacré au déclin de la biodiversité.

A lire aussi

 

Du côté du ministère, on explique que ces nouveaux textes plus détaillés vont permettre au juge de se prononcer sur leur conformité avec le droit européen. Début août, le Conseil d’Etat avait annulé l’autorisation de plusieurs de ces chasses traditionnelles. C’est ce qui a mis le feu aux poudres pour Thierry Coste, conseiller politique de la Fédération Nationale des Chasseurs. Il déplore le fait d’être, avec ses compagnons de chasse, « maltraités quand on est des ruraux, par des gens qui n’y comprennent rien ».

Un gouvernement qui ne veut pas froisser les chasseurs à 7 mois de la présidentielle

Pas de colère contre le gouvernement en revanche. Selon lui, les relations avec le président sont très bonnes, il les soutient et ce débat sur les chasses traditionnelles relèverait du « chasse bashing ».
Le gouvernement ne veut pas les froisser à 7 mois de la présidentielle. Ces chasseurs se présentent comme le symbole de la ruralité parfois même de la ruralité reléguée, décriée. Ce mouvement a été entamé dans les années 80, au même moment que la construction politique des chasseurs avec le CPNT (Chasse Pêche Nature et Tradition). Christophe Baticle, socio anthropologue à l’Université d’Amiens affirme : « qu’ils ont été les premiers depuis longtemps à réactiver le clivage rural/urbain et ont réussi d’une certaine façon. Au moins auprès d’une partie des électeurs de zone dite rurale ». Des chasseurs qui comptent mobiliser largement demain, le 18 septembre. En mars 2022, une manifestation nationale devrait se tenir avant le 1er tour de la présidentielle.

Baptiste Gaborit 

Retrouvez l’actualité du Classique