Le foncier agricole est un enjeu majeur des prochaines années pour les campagnes françaises, qui sont menacées par l’urbanisation, la spéculation immobilière mais aussi par les problèmes de transmission aux jeunes agriculteurs. Députés, ONG et organisations agricoles se sont réunis et pensent avoir la solution.
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Terre de Liens, une association qui rachète les fermes pour y installer de jeunes agriculteurs
C’est aujourd’hui le foncier qui bien souvent pose problème pour les jeunes agriculteurs qui cherchent à s’installer. Romain, 30 ans, cherchait à reprendre une ferme depuis 5 ans. Il n’a pas eu de difficultés à en trouver une, puisque de nombreuses sont à vendre en France. Il en a visité en 30 et 40. L’ennui pour lui, c’était la question de la profitabilité. « Ce qui freine surtout, c’est la rentabilité du système, au regard du montant d’investissement de départ. Quand vous êtes jeunes, que vous avez très peu d’apport. Or, une entreprise agricole en France, c’est autour de 350.000 euros d’investissement. Alors le banquier est plutôt retissant. Du coup, je cherchais plutôt de la location. »
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Romain a trouvé la solution grâce à l’association Terre de Liens, dont l’une des missions est de racheter les fermes d’agriculteurs partant à la retraite pour y installer des jeunes qui débutent dans le métier. Ils deviennent alors locataires, comme Romain qui élève des brebis dans une exploitation de 24 hectares depuis le début de l’année.
Un groupe chinois s’est emparé de milliers d’hectares de terres en France
« Terre de Liens s’est proposé pour acheter et pour m’y mettre en tant que fermier. Le seul investissement que j’ai eu, c’est mon cheptel de brebis, mon matériel agricole et les améliorations que je vais apporter au fond. Aujourd’hui, j’ai investi 150.000 euros alors que sinon, j’aurais dû investir 450.000 euros. » En 12 ans, Terre de Liens a racheté 210 fermes, ce qui représente 5.000 hectares. Mais bien souvent, les fermes à la vente sont rachetées par des agriculteurs déjà en place. On assiste à un regroupement des terres et à l’apparition d’installations qui sont de plus en plus grandes.
Le #circuitcourt est pratiqué par une grande majorité des fermes Terre de Liens, qui font de la vente directe (marchés, AMAP, vente à la ferme, etc. !) ? #jefaispousserdesfermes pic.twitter.com/j9zceDjFta
— Terre de Liens (@Terredeliens) December 19, 2019
Mais des investissements, parfois opaques, de sociétés qui spéculent sur le foncier existent aussi. Michel Vampouille est le président des fédérations Terres de Liens : « Aujourd’hui, une grande partir du foncier agricole devient propriétés de sociétés d’investissement, qui peuvent demain faire autre chose que de l’agriculture alimentaire. On en a beaucoup parlé lorsqu’un groupe chinois a acheté quelques milliers d’hectares en France. Mais en fait, le mal est bien plus profond ».
30% à 40% des agriculteurs français vont partir à la retraite d’ici 10 ans
Cette semaine, députés, organisations professionnelles agricoles et ONG se sont rassemblés pour demander une nouvelle loi foncière, qui doit arriver selon eux dès cette année. Parmi les mesures proposées, la création d’un livret d’épargne vert ; livret d’épargne qui serait ouvert à tous les Français mais qui servirait à financer des installations de jeunes agriculteurs. C’est une des demandes du député Dominique Potier. « C’est un outil de financement au long court qui permettrait pour un jeune agriculteur, par exemple, dans une certaine limite d’acquérir 50 % de la surface de sa ferme et de le payer sur une carrière. »
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« C’est un instrument qui pourrait être mis au service de tous les citoyens qui veulent relocaliser la production et fabriquer une nourriture de toutes les qualités pour tous. Nous avons besoin de financements non spéculatifs, qui viennent casser le mouvement de marchandisation de la terre. »a rajouté le député. Il y a urgence à relancer le fermage car 30% à 40% des agriculteurs actuels devraient partir à la retraite dans les dix ans à venir.
Baptiste Gaborit