Environnement : Les emballages plastiques désormais interdits pour une trentaine de fruits et légumes

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Un rouge, un jaune et un vert : trois poivrons emballés dans du plastique que vous ne trouverez bientôt plus dans vos rayons. C’est l’une des grandes mesures applicables depuis le 1er janvier, la fin des emballages plastiques pour les fruits et légumes frais.

« 8 millions de tonnes de plastique arrivent dans les océans chaque année »

La mesure concerne les fruits et légumes de moins d’1,5 kg : les poireaux, courgettes, aubergines, concombres ou encore les carottes. Une quinzaine de légumes sont concernés et une quinzaine de fruits aussi comme les pommes, poires, clémentines, citrons, kiwis… Il s’agit pour le gouvernement d’éviter plus d’un milliard d’emballages inutiles chaque année. Selon Muriel Papin, déléguée générale de l’association No Plastic in My Sea : « les emballages représentent en France, 45% de l’usage de plastique mais surtout 60% des déchets en plastique. On évalue à peu près au niveau mondial, 8 millions de tonnes de plastique qui arrivent dans les océans chaque année ». 

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La filière des fruits et légumes a donc 6 mois pour se débarrasser du plastique sauf exceptions par exemple pour les herbes aromatiques qui pourront encore être emballées jusqu’en 2024 et les fragiles fruits rouges ont eux, jusqu’à 2026. Chez Pomanjou, on s’est converti au carton il y a déjà trois ans. Cette coopérative produit des pommes dans le Maine-et-Loire et les Deux-Sèvres. Pour son président Arnaud de Puineuf : « on était dans les premiers à s’équiper en France. La demande venait surtout de nos clients en Allemagne et en Hollande. On a eu notre première machine qui a coûté 100 000 euros il y a 3 ans. C’est un investissement important il va falloir 4 ou 5 ans pour amortir ces machines là ». 

L’interdiction des emballages plastiques concerne également les sachets de thés ou les jouets en plastique 

Mais avec la crise des matières premières, les coûts de production ont encore augmenté ces derniers mois. La loi arrive donc au pire moment pour l’interprofession des fruits et légumes. Interfel a saisi le Conseil d’Etat : « cette loi nous pose problème en ce qu’elle institue. Il y a une concurrence avec les autres pays européens et le reste du monde » affirme Daniel Sauvaitre, secrétaire général d’Interfel. « Les fruits et légumes sont les seuls concernés par l’abandon immédiat du plastique. L’obligation qui est donnée pour la fin du plastique à usage unique c’est en 2040. 65% des fruits et légumes sont déjà vendus en vrac et nous ne représentons que 1% du plastique dans le rayon alimentaire. Il y a une forme de brutalité qui nie un peu certaines évolutions possibles ». 

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L’interprofession regrette un manque de concertation et dit avoir été « prise de court » avec la parution du décret d’application de la loi seulement en octobre dernier. Un décret attaqué aujourd’hui au Conseil d’Etat. Le gouvernement dénonce une démarche « honteuse et excessive ». L’amertume de la filière porte surtout sur l’interdiction du plastique même recyclable, dans lequel elle a beaucoup investi ces dernières années. Une fausse bonne idée selon la directrice de Zero Waste France, Juliette Franquet : « depuis les années 50 il y a 9% du plastique qui a été recyclé et on continue à créer des nouvelles sortes de plastique qui sont encore plus complexes. On parle aujourd’hui de recyclage chimique. On n’en sortira jamais. Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas. Il faut arrêter de chercher des solutions technologiques alors que le vrac et la consigne sont en train d’émerger ». L’interdiction des emballages plastiques concerne également les sachets de thés et tisanes mais aussi les jouets en plastique, souvent offerts dans les menus enfants dans les chaînes de restauration rapide.

Laurie-Anne Toulemont 

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