La pompe à chaleur de la planète se dérègle. Les océans se mélangent de moins en moins à cause du changement climatique : c’est ce que révèle une étude internationale notamment menée par le CNRS sur les cinquante dernières années.
Jean-Baptiste Sallée : « 90% de la chaleur associée aux activités humaines captée par les océans »
Les océans ont un rôle de « tampon » pour la planète : de la surface aux abysses, ils se mélangent, ce qui permet d’absorber la chaleur et le C02 de l’atmosphère pour l’enfouir dans les profondeurs océaniques. Ce rôle est essentiel pour réguler la température de la terre, comme le souligne Jean-Baptiste Sallée, chercheur au CNRS : « environ 90% de la chaleur associée au changement climatique induit par les activités humaines a été capté depuis 50 ans par les océans (…) et on estime à un quart se sa proportion totale le carbone émis par les humains qui est enfoui par les océans ».
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La structure de l’océan est faite de plusieurs couches qui font comme de l’huile sur l’eau : or le passage entre la couche de surface – en contact avec l’atmosphère – et les profondeurs devient de plus en plus difficile. Ce changement de structure, induit par les changements climatiques a de nombreuses conséquences, à commencer par l’augmentation des températures dans l’atmosphère, ce qui rend la couche de surface de l’océan plus chaude, surtout dans les Tropiques.
Les changements de structure des océans sont 6 fois plus rapides que ce que montrait le rapport du GIEC en 2013
Autre constat de l’étude, le changement de salinité des pôles, comme le souligne Jean-Baptiste Sallée : « au pôle sud et au pôle nord, les eaux deviennent de moins en moins salées (…) et quand l’eau devient moins salée elle devient plus légère ce qui crée un effet de découpage entre la surface et la profondeur ». L’impact des vents qui remuent de plus en plus la surface est également à souligner rendant là encore plus difficile le mélange des océans. Etienne Pauthenet, océanographe de l’Université de la Sorbonne, détaille ce phénomène : « la couche de mélange est de plus en plus dure à franchir depuis 50 ans, et cette couche s’approfondit de 5 à 10 mètres par décennie ».
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Cette barrière plus épaisse limite l’accès à la lumière pour ce qu’Etienne Pauthenet appelle « les organismes primaires », c’est-à-dire la base de la vie marine. Ces changements de structures de l’océan vont plus vite qu’on ne le pensait, ils sont 6 plus rapides que ce que montrait le rapport du GIEC de 2013.
Laurie-Anne Toulemont