Emmanuel Macron sur la Mer de Glace, symbole du réchauffement climatique

Emmanuel Macron est en visite ce matin sur la Mer de Glace, un glacier situé sur au nord du massif du Mont-Blanc qui recule à vue d’œil. Il est le symbole des conséquences du réchauffement climatique sur les glaciers, dont la fonte fragilise grandement la stabilité.

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Certains glaciers gagnent étonnement de l’épaisseur de glace chaque année

La situation de la Mer de Glace n’est pas inédite puisque tous les glaciers de montagne ou presque sont touchés. C’est le cas dans les Alpes où 90% des glaciers pourraient disparaître d’ici la fin du siècle ; ils perdent chaque année 1 mètre d’épaisseur depuis 25 ans. Les autres glaciers ne sont pas épargnés. « On peut dire qu’ils diminuent quasiment partout, explique Christian Vincent, chercheur au laboratoire de glaciologie du CNRS, à Grenoble. Par exemple les glaciers d’Alaska perdent aussi 1 mètre par an d’épaisseur. Ceux de Patagonie 1,30 mètre chaque année. Même chose pour les glaciers andins ou tropicaux au Pérou et en Bolivie. » Mais les glaciers scandinaves perdent moins: 50 cm d’épaisseur par an là où ceux de l’Himalaya perdent en moyenne 20 cm par an. Certains ont même un bilan légèrement positif mais cela reste très marginal. Deux tiers des glaciers himalayens pourraient tout de même disparaître d’ici la fin du siècle avec des conséquences sur l’hydrologie.

Car les glaciers sont des châteaux d’eau, des réservoirs qui alimentent de nombreux bassins versants, notamment lors des saisons sèches. Ce régime hydrologique en train de se transformer selon Christian Vincent : « Pour les prochaines décennies encore, les apports d’eau provenant des glaciers vont encore augmenter, puisque la fonte augmente ». En revanche à partir d’un certain seuil – sur nos glaciers alpins ce sera vers 2030-2050 – la diminution de surface des glaciers sera telle, que la contribution de l’eau de fonte aux rivières va diminuer. Avec des conséquences directes sur leur débit.

 

Des millions de mètres cubes de roches s’effondrent à cause du réchauffement climatique

Le Brahmapoutre est un des fleuves alimentés par la chaîne himalayenne. Son débit a été gonflé ces dernières années par la fonte des glaciers, qui a déjà englouti dans le nord de l’Inde des maisons et forcé des milliers d’habitants à partir. Le Yang-Tsé-Kiang ou encore le Mékong sont aussi concernés. Plus d’1,5 milliard d’humains sont installés dans les bassins fluviaux dépendant de l’Himalaya, ce qui va poser des problèmes pour les régions qui subissent des saisons sèches, comme au nord de l’Inde ou dans les Andes.

 

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« On a fait des simulations par exemple avec des collègues boliviens. Au cours de l’année à La Paz, la capitale de la Bolivie, 15% de l’eau provient de la fonte des glaciers. Mais au cours de la saison sèche, c’est 1/4 de l’eau qui en provient. Quand les glaciers vont complètement disparaître, cette contribution va tendre vers 0 ». Autre conséquence, la fonte des glaciers impacte leur stabilité et celle des parois rocheuses.

 

En 2017, une coulée de boue a tué 8 personne et détruit en partie un village suisse

« On note une nette accélération à la fois de la fréquence des écroulements rocheux, note Ludovic Ravanel, géomorphologue au CNRS dans un laboratoire de Chamonix. Mais également de leur volume avec parfois plusieurs millions de mètres cubes de roches qui sont déstabilisés en haute altitude ». En cause, la dégradation du permafrost – des terrains normalement gelés en permanence. « Durant l’été caniculaire 2017 par exemple, c’est tout un pan de montagne du côté du canton des Grisons, dans les Alpes suisses, qui s’est effondré« .
Plus de 3 millions de mètres cubes ont alors produit une grande coulée boueuse qui a parcouru 6 kilomètres au terme desquels un village a été en partie détruit. Cette catastrophe a entraîné la mort de 8 personnes, malgré l’évacuation préventive du village. De tels écroulements risquent de se multiplier dans les années à venir, dans les Alpes ou ailleurs. Cela fait partie du long cortège des conséquences du réchauffement climatique.

 

Baptiste Gaborit

 

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