Dans cinq jours, le 3 Novembre, les Américains voteront pour élire leur futur président. Ils feront un choix entre le climato-sceptique Donald Trump, actuel locataire de la Maison Blanche, et le démocrate Joe Biden qui défend un programme écologiste ambitieux.
La question du changement climatique, un enjeu majeur de l’élection présidentielle américaine avec la Covid 19 et la crise économique
Après une année d’incendies dévastateurs en Californie et au Colorado, de sécheresse chronique dans l’Ouest et des ouragans à répétition, la question du dérèglement climatique prend de plus en plus d’espace aux Etats-Unis. William Moomaw, professeur de politique internationale de l’environnement à l’université de Tufts dans le Massachusetts nous explique ce changement de mentalité : « ça a changé l’opinion de beaucoup de monde. Avant le changement climatique était hypothétique maintenant, les gens y prêtent attention. Deux tiers des Américains disent que c’est un problème important dont on devrait s’occuper. C’est la première fois que le dérèglement climatique grimpe en haut des préoccupations ».
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Un récent sondage mené dans plusieurs Etats charnières auprès de jeunes Américains (entre 18 et 34 ans) montre que pour 80% d’entre eux la question du changement climatique influence significativement leur vote. Ces préoccupations trouvent leur écho dans le programme du candidat démocrate, fait par et pour l’aile gauche du parti : Joe Biden porte un plan de transition écologique de 2000 milliards de dollars, avec notamment le retour des États-Unis dans l’Accord de Paris, accord quitté par Donald Trump en 2017.
La Pennsylvanie, Etat clef de l’élection au cœur des préoccupations environnementales à cause de l’exploitation du gaz de schiste
Donald Trump reste lui muet sur le sujet, si ce n’est de vouloir toujours moins de régulations environnementales, ou de reconnaître la nécessité de planter plus d’arbres. Keira O’Brien, républicaine de 22 ans et fraîchement diplômée d’Harvard, est la fondatrice du groupe écologiste les « Jeunes conservateurs pour les dividendes carbone » et développe son point de vue sur le rapport du président à l’écologie : « La politique environnementale a beaucoup été abordée lors des derniers débats. Donald Trump n’a pas donné d’arguments aboutis, ce qui est très frustrant pour des jeunes électeurs comme moi. Ce n’est pas impossible que son ton puisse changer. Je n’ai pas l’intention de changer de parti mais on veut plutôt changer notre parti de l’intérieur ».
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Un Etat clef dans cette élection est au cœur de vifs débats sur l’environnement : la Pennsylvanie, où l’exploitation du gaz de schiste a permis le redémarrage de l’industrie américaine. Nicole Bacharan, historienne et politologue spécialiste des Etats-Unis donne des précisions sur l’importance de cet Etat : « en 2016, la Pennsylvanie avec 40 000 voix d’avance pour Donald Trump a joué un rôle crucial dans le résultat de l’élection. C’est un des Etats les plus disputés cette année. C’est l’Etat d’origine de Joe Biden, qui est né dans un milieu ouvrier. Dans son programme, il y a un arrêt concernant le développement du gaz de schiste, il a fait une exception pour la Pennsylvanie afin de conserver l’électorat de cet Etat ».
Souvent victime de pollutions industrielles, la frange la plus modeste de la communauté afro-américaine est aussi sensible à la question du climat. Cet électorat est à 90% démocrate selon Nicole Bacharan. Cette année, la participation a été forte au vote anticipé : une mauvaise nouvelle pour Donald Trump, mais sans doute une bonne nouvelle pour la planète.
Ecoutez 3 minutes pour la planète de Laurie-Anne Toulemont