Confinement : La pollution acoustique en mer divisée par dix sur la Côte d’Azur

C’est la journée mondiale des océans, qui durant le confinement avec l’arrêt quasi total du transport maritime, sont redevenus silencieux. Des chercheurs ont profité de l’absence de pollution acoustique au fond des mers pour tendre l’oreille.

Ecoutez 3 minutes pour la planète de Baptiste Gaborit:

La Fondation Albert II de Monaco a financé la mission « Sphyrna Odyssey », pour mesurer la pollution acoustique des mers

Pendant 17 jours, dans le Sanctuaire Pelagos, au large de la Côte d’Azur, ces chercheurs ont fait dériver deux bateaux autonomes. Ces bateaux drones en forme de pirogue polynésienne été dotés d’hydrophones. « Ce sont des navires écologiques, qui ne font pas de bruit, qui sont électriques et qui fonctionnent avec le solaire et le vent, détaille Philippe Mondielli, directeur scientifique de la Fondation Albert II de Monaco, qui a financé cette mission « Sphyrna Odyssey »Ce sont des outils particulièrement bien adapté pour écouter ce moment de silence dans nos mers ».

 

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Ces chercheurs ont pu comparer ces enregistrements avec ceux effectués avant le confinement. Résultat : un silence exceptionnel dans les zones côtières avec des niveaux de bruit divisés par 10. « Sur les milieux des baies – Bandole, Hyère – un bruit de route résonne en temps normal, explique Hervé Glotin, un des chercheurs de la mission, professeur à l’université de Toulon et responsable de la chaire intelligence artificielle et bioacoustique marine. On a mesuré, là, des niveaux de bruits anthropiques qui correspondent probablement à un paysage acoustique des années 1950, ou même d’avant-guerre ».

 

 

Le bruit dans les océans limite les communications sonars entre les cétacées

Les chercheurs ont observé également le retour dans les calanques de Marseille de Tursiops, des grands dauphins très calmes et statiques ; ce qui est très inhabituel. Et puis, le silence leur a permis de capter des enregistrements exceptionnels de la faune marine. Les chercheurs ont découvert que les cachalots en groupe communiquent grâce à leur sonar. « Cette collaboration qui se fait à 500 mètres, voire 1 kilomètre des uns des autres, repose sur leur capacité à s’entendre sur des fréquences assez élevées. Si on rajoute du bruit, on va limiter la capacité de communication entre ces individus », rappelle Hervé Glotin.

 

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« On va leur imposer de se resserrer, ce qui veut dire qu’ils vont observer moins de volume d’eau. Alors, ils diminuent leur probabilité de détection de proies dans ce volume d’eau ». Ce qui signifie : moins de succès dans la chasse.

 

 

Ces enregsitremetns vont permettre à Hervé Glotin et à son équipe d’établir finement le rayonnement des activités humaines et leur impact sur les poissons, les cétacées et d’établir des recommandations. Par exemple, il faudrait préserver à tout prix de la pollution acoustique certaines zones déjà très silencieuses, en réduisant la vitesse des navires qui se déplacent autour de ces zones. Des oasis dans les océans, zones cruciales pour la conservation des groupes de cachalots par exemple.

 

Baptiste Gaborit

 

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