Agriculture : La France capable de produire 100% du soja qu’elle consomme

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La France et l’Europe pourrait se rendre autosuffisante en matière de soja. Une étude réalisée par l’Institut national de la recherche agronomique révèle que les terres européennes, à cause du changement climatique, deviennent de plus en plus favorables à l’exploitation de cette plante tropicale. 

Le changement climatique favoriserait la culture du soja en France et en Allemagne

La France et l’Europe cherchent à sortir de leur dépendance au soja massivement importé du continent américain. Pourtant selon une étude publiée par plusieurs chercheurs français, l’Europe pourrait tout à fait produire 100% du soja qu’elle consomme. 90% du soja consommé en Europe est importé, essentiellement des Etats-Unis et du Brésil. Le soja est destiné en grande partie à l’alimentation animale. Sa culture est une des causes de déforestation en Amérique du sud. L’Europe pourrait donc faire autrement. Selon David Makowski, directeur de recherche à l’Inrae et co-auteur de cette étude, une autosuffisance est possible : « dans les différentes régions européennes, les rendements seraient suffisamment élevés pour produire tout le soja que l’on consomme. Il faudrait tout de même consacrer au soja entre 4 et et 11% de nos terres cultivables ».

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Il faudrait ainsi multiplier par 3 les surfaces cultivées pour atteindre une autosuffisance de 50%, et par 6 pour atteindre 100%. Pour cette plante tropicale, les conditions deviennent plus favorables en Europe avec le changement climatique : « l’augmentation des températures au cours des prochaines décennies rendrait les zones européennes plus favorables à la culture du soja. Ces espaces cultivables se déplaceraient du Sud vers le Nord-Est de l’Europe ». La France, l’Allemagne et même le Danemark pourraient donc devenir des zones importantes de production. A l’inverse cela deviendrait plus difficile pour l’Italie, qui est déjà un producteur soja. Cette autosuffisance engendrerait également des bénéfices environnementaux, notamment une baisse de l’usage d’engrais azotés en Europe : « les cultures de légumineuses, tel le soja, n’ont pas besoin d’engrais azotés. Elles récupère l’azote atmosphérique. Cela a un intérêt environnemental et économique car ces engrais polluent et sont produits avec du gaz. Le soja permet donc de se passer de matières premières de plus en plus chères ». 

 

Depuis 2015 la production française a déjà été multipliée par 4

Françoise Labalette est en charge du secteur économique de l’interprofession des huiles protéines végétales et elle confirme que l’augmentation de la production de soja en France est possible : « en France, le plan protéine de 2028 a pour but de doubler les surfaces qui cultivent le soja. On passerait alors à 300 000 hectares de terres consacrées qui produiraient 1 million de tonnes de graines ». Un chiffre qui représente près d’un tiers de ce que la France importe chaque année. La production a déjà été multipliée par 4 en 7 ans.

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Pour poursuivre, il faut continuer à développer des variétés qui se cultivent plus au Nord et construire la filière. Il faudra aussi faire des choix car 11% de terres consacrées au soja en Europe, cela veut dire qu’il faudra abandonner des cultures. Les baisses de production de blé ou de maïs auraient des conséquences économiques et alimentaires. Il y a un mois, la commission européenne se disait favorable à une stratégie européenne en faveur des protéines végétales, souhaitée notamment par la France.

Baptiste Gaborit 

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