Les foires aux vins qui commencent cette semaine sont un des rendez-vous de la rentrée. Dans la grande distribution, on cherche toujours à animer le lieu de vente en mettant à l’entrée des promotions. A Noël on pousse les jouets, fin août on brade les fournitures scolaires. Et une fois que les hypermarchés ont vendu tous leurs cahiers et leurs classeurs, la tradition, c’est de mettre en avant le vin.
Bières, rosés, bio : le choix des foires aux vins s’est enrichi
La foire aux vins est une idée qui remonte aux années 70. C’est une manière, au moment où les ménages ont déjà fait les courses de rentrée et avant que l’on commence à payer les impôts locaux, d’attirer le client en lui vendant un produit qu’il faut consommer avec modération mais qui est quand même plus un achat plaisir qu’un baril de lessive ou des bouteilles d’huile. C’est pour les magasins une bonne occasion de communiquer et de rappeler qu’ils sont les maîtres dans l’art de casser les prix. Certes, elles ne marchent pas aussi bien qu’avant, elles ont un peu perdu de leur prestige mais pas forcément de leur attrait.
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Au départ, la foire c’était souvent l’occasion d’acheter de bonnes bouteilles de Bordeaux à un prix intéressant. Aujourd’hui sur le fond et sur la forme, les foires ont changé. D’abord elles se sont banalisées. On en fait depuis presque cinquante ans. Certains distributeurs en font trois ou quatre fois par an. Et les grandes surfaces n’ont plus le monopole. Les cybermarchands s’y sont mis et les cavistes aussi. C’est devenu presque banal. Et l’offre a aussi évolué. Le Bordeaux est obligé de partager parce que le consommateur a changé. Pour séduire les jeunes qui préfèrent la bière, les femmes qui apprécient le rosé ou les bobos qui veulent du bio, il faut en proposer pour tous les goûts. Le choix s’est enrichi… il faut des bonnes affaires sur tous les fronts.
Le millésime 2020 des foires aux vins s’annonce très compliqué sur le plan commercial
Pour le monde viticole, c’est à double tranchant. Le côté positif, c’est que ça permet de mettre en avant le vin. On en parle. Les Echos publiaient hier un supplément sur le sujet et nous ne sommes pas les seuls. L’autre vérité, c’est que ça représente quand même de gros volumes que la grande distribution achète et que ça permet d’écouler des stocks juste au moment où les nouvelles vendanges commencent.
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L’aspect négatif, c’est que quand les prix sont cassés, c’est bon pour le consommateur mais moins pour les viticulteurs car l’image prix de leurs bouteilles se dégrade. Ça dévalorise les flacons le reste du temps. Mais cette année, le monde du vin ne va pas trop faire la fine bouche. Entre le confinement, les hausses de taxes douanières et le ralentissement du commerce mondial qui ont pesé sur les exportations et les fermetures des bars et restaurants, le millésime 2020 s’annonce très compliqué sur le plan commercial. Les ventes en primeur se sont bien passées. Il y a donc une demande. Les foires pourraient être l’occasion de redynamiser les ventes.
David Barroux