Lignes aériennes supprimées en France : Bruxelles s’apprête à contester la mesure, selon Les Echos

istock

La Commission européenne va taper sur les doigts de la France qui voulait limiter le nombre de liaisons aériennes sur notre territoire.

Les quatre lignes aériennes concernées par cette interdiction ne représentent que 0,02 % des émissions de CO2 totales de la France

Vous vous en souvenez, à l’issue de la « convention citoyenne sur le climat » à l’été 2020, le gouvernement avait poussé la loi dite « climat et résilience ». Une loi qui avait entre autres, décidé de l’interdiction de l’avion sur les lignes desservies par le train en moins de 2h30. Cela veut dire que les lignes Bordeaux/Orly, Lyon/Orly, Nantes/Orly et Marseille/Lyon seront interdites à partir d’avril prochain. Ne seront plus assurés que quelques vols de correspondance vers Roissy pour les passagers internationaux en transit. C’était l’ambition française mais visiblement Bruxelles pense que Paris a été un peu trop loin et menace de casser cette décision.

A lire aussi

 

Mais pour quelles raisons la Commission pourrait ainsi s’énerver ? En fait le cadre européen permet bien à un Etat de prendre de telles décisions qui restreignent l’activité économique lorsque d’autres modes de transport fournissent un service satisfaisant et lorsqu’il existe des problèmes graves en matière d’environnement. Mais les textes disent que les mesures doivent être compatibles avec les principes de proportionnalité et d’efficacité. Or les quatre lignes aériennes concernées par cette interdiction ne représentent que 55 000 tonnes de CO2 par an, soit 0,23 % des émissions du transport aérien en France, 0,04 % de celles du secteur des transports et 0,02 % des émissions totales de la France. Ce n’est peut-être pas totalement inutile mais ce n’est pas en interdisant ces vols que l’on va régler le problème du changement climatique.

Air France a déjà arrêté sa ligne Bordeaux-Orly

Les interdictions sont des mesures d’urgence qui doivent permettre de faire face à une crise, plutôt que des mesures permanentes aux yeux de Bruxelles. Cela ne veut pas dire que ces liaisons aériennes vont être maintenues. Il y a peu de chance que l’on revienne en arrière. Air France a déjà arrêté sa ligne Bordeaux-Orly qui transportait quand même plus de 500 000 passagers par an en 2019 (et il ne faut pas oublier que son principal actionnaire est l’Etat). EasyJet a elle, bénéficiée de mesures de soutien à l’activité partielle, pas sûr que la compagnie veuille déclarer la guerre à la France. Ryanair ne dispose pas quant à elle, des créneaux horaires nécessaires à Orly.

A lire aussi

 

Ceux qui ont porté plainte à Bruxelles sont surtout les aéroports qui n’en peuvent plus de l’avion bashing et du politiquement correct. Mais leur victoire risque de ne pas changer grand chose. Ils pourront juste dire à leurs anciens passagers – qui viennent d’apprendre que la SNCF serait en partie en grève pour le début des vacances – que l’avion ne pourra pas être une solution de repli et qu’ils le regrettent. C’est vrai que là, on a un peu coupé les ailes à la concurrence.

David Barroux

Retrouvez le Décryptage Economique